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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 37.djvu/106

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DE
LA THEOLOGIE CRITIQUE

I. Mélanges de critique religieuse, par E. Scherer. — II. Essais de critique religieuse, par A. Réville. — III. Sermons, par T. Colani. — IV. Histoire de la Théologie chrétienne, par B. Reuss.

On médit quelquefois de la réaction religieuse. Des juges très graves en contestent la valeur et presque l’existence, et l’un des plus modérés, comme certes des meilleurs[1], a dit d’elle : « La réaction religieuse, c’est tout, excepté la religion. » Il me manque beaucoup pour avoir le droit d’être aussi sévère que mon spirituel confrère, et je ne vois guère à reprocher à la réaction religieuse que d’être une réaction. Religieusement, tous les motifs qui l’ont produite ne sont pas d’une égale valeur, et les infirmités humaines, crainte, haine, caprice, vanité, passion, ont pu contribuer autant que les plus nobles besoins de l’âme à cette conversion de notre siècle ; mais dans quel mouvement des esprits ne retrouverait-on pas de semblables mobiles, et depuis quand les hommes ne feraient-ils même les bonnes choses que pour de bonnes raisons ? Il faut cependant reconnaître que le retour vers d’anciennes croyances, s’étant surtout manifesté dans la sphère de ce qu’on appelle l’opinion publique, a eu ce caractère de réduire la religion, toute religion, à une opinion. Et c’est pour cela sans doute que cette conversion a si peu de rapport avec la morale, et qu’elle n’a pas, à cet égard, été accompagnée du plus petit amendement. S’il faut même

  1. M. de Sacy.