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les crédits supplémentaires et extraordinaires. L’influence fâcheuse des circonstances où nous sommes peut l’embarrasser dans l’accomplissement des deux parties de sa tache. Quant au règlement des découverts et de la dette flottante, un bruit accrédité et qui nous paraît probable, c’est que M. Fould n’y pourvoira point par une négociation de rentes, par un emprunt. C’est dire que le ministre des finances n’attaquera pas cette année d’une façon vive et radicale la dette flottante. Il y a une erreur routinière très répandue chez nous : c’est que pour une somme que l’on porte arbitrairement jusqu’à 800 millions, la dette flottante s’impose au trésor de telle façon qu’il ne s’y peut soustraire. On énumère, pour former cette somme, les divers élémens de la dette flottante : fonds des caisses d’épargne, comptes courans des receveurs-généraux, fonds départementaux, bons du trésor, et l’on suppose que l’état est obligé de recevoir la totalité de ces fonds. Rien de plus arbitraire que cette supposition : il n’y a aucune nécessité économique ou politique qui exige que l’état se fasse le gardien des sommes versées dans les caisses d’épargne, surtout dans la proportion qui détermine le maximum actuel des livrets ; il n’y a aucune nécessité qui force l’état à avoir des fonds des receveurs-généraux et même à conserver l’institution surannée des receveurs-généraux. Le jour où l’on pourra et où l’on voudra opérer de ce côté de grandes réformes et débarrasser l’état d’une dette flottante en permanence, on donnera au crédit public une élasticité inconnue jusqu’à présent, et en restreignant les moyens de trésorerie qui alimentent la dette flottante, on enlèvera aux gouvernemens la tentation dangereuse de porter avec insouciance leurs dépenses au-delà de leurs revenus. M. Fould ne peut pas en être là. Il se contentera sans doute de réunir des ressources qui lui permettront de réduire de 100 ou 200 millions la dette flottante actuelle. On lui prête même un projet d’unification de la dette au moyen d’une conversion facultative de la rente 4 1/2 en 3 pour 100, laquelle, à partir du mois de mars prochain, pourra être soumise à une conversion nouvelle ; mais le prix de nos fonds publics n’est pas assez élevé pour permettre une conversion avec réduction d’intérêt ou avec l’alternative du remboursement du capital au pair, la seule opération qui doive procurer un avantage sérieux à l’état en diminuant la somme absorbée par le service de sa dette. La conversion facultative dont on parle laisserait subsister une très grande proportion du fonds en 4 1/2. Elle serait seulement une occasion offerte aux petits rentiers de s’assurer d’une façon permanente l’intégralité de leurs revenus actuels en échangeant le type sous lequel ils perçoivent ces revenus contre le type du 3 pour 100. Il serait juste qu’ils payassent cette faveur d’une soulte en argent que l’on dit devoir être égale à une annuité de leurs rentes. Si cette idée de conversion facultative devait être adoptée, ce que nous ignorons, il résulterait de l’abandon de cette annuité imposé aux rentiers convertis une somme plus ou moins considérable avec laquelle l’état éteindrait sans frais une portion équivalente de la dette flottante.