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des conversions de titres, des économies réalisées, des dettes temporaires arrivées à leur extinction, ont contribué petit à petit à ce résultat. Au commencement de 1854, avant la guerre de Crimée, la dette était réduite en capital à 19 milliards 227 millions, supportant un intérêt annuel de 693 millions de francs, y compris le service des bons de l’échiquier correspondant à notre dette flottante. Ainsi, dès cette époque, le capital était amoindri de 2 milliards 299 millions, et l’abaissement de l’intérêt annuel était de 113 millions. L’expédition de Grimée, la révolte de l’Inde, cette vague appréhension qui a engendré la fièvre des défenses nationales, avaient fait remonter dès la fin de 1859 le chiffre nominal de la dette permanente[1] au-delà de 20 milliards. Depuis deux ans, des sommes énormes ont été demandées au peuple anglais pour l’armement des côtes. Même en tenant compte des récens sacrifices, on constaterait que le peuple anglais est parvenu à réduire sa dette, depuis 1816, d’environ 1,200 millions en capital et de plus de 100 millions en intérêts.

En France, la dette nationale, à la fin de 1815, ne se composait pas seulement des 63,307,637 francs de rentes en 5 pour 100 inscrites officiellement sur le grand-livre à la rentrée des Bourbons ; il est juste d’y ajouter certaines dettes qu’il a fallu inscrire postérieurement, mais qui se rapportent évidemment à l’empire, telles que l’arriéré qui s’était formé de 1801 à 1815, les rentes attribuées aux communes en remplacement du revenu de leurs biens, que le gouvernement avait vendus à son profit en 1813, le montant des emprunts faits pour réunir l’énorme contribution de guerre payée aux armées étrangères, espèce de restitution, car ces tributs restaient probablement fort au-dessous des sommes que la France avait reçues au même titre des peuples vaincus précédemment. Avec ces additions, le montant de la rente consolidée s’élevait à 193,325,102 francs de rente, somme qui, capitalisée à son taux nominal, représentait un capital de 3,866,502,040 francs. D’autres charges pesaient sur le trésor : 13 millions de rentes viagères qui sont arrivées presque généralement au terme naturel de leur extinction ; 167 millions de capitaux de cautionnement pour l’intérêt desquels il y avait à fournir 6 millions 1/2 ; une dette flottante de 73 millions. En résumé, la dette réelle à cette époque correspondait à un capital de 4 milliards 107 millions, et l’annuité à payer était de 216 millions. — J’ouvre le budget accordé pour 1861, et je constate que les quatre catégories de rentes perpétuelles, la dette flottante,

  1. Une assez forte partie de la dette anglaise existe sous forme d’annuités qui s’amortissent d’elles-mêmes.