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à l’intérieur représentent par habitant un emploi de 2 kilos 4/10es et une dépense en argent de 21 francs. 60 centimes, le kilo étant évalué à 9 francs en raison de la finesse des produits. En Angleterre, la quantité de laine livrée en 1859 aux manufactures paraît avoir été de 165 millions de kilos ; la réexportation en articles fabriqués est de 47 millions. Le contingent de l’intérieur, estimé seulement au prix de 8 francs le kilo, donne par tête environ, kilos en quantité et 32 francs en valeur. — J’ai déjà eu occasion de dire, quant à la soie, que l’usage en était plus vulgarisé en Angleterre que chez nous.


CONDITION DU PEUPLE. — Après l’étendue des consommations, un des plus sûrs moyens d’apprécier le sort des multitudes est de mesurer la part qu’elles font à la prévoyance. La situation, comparative des caisses d’épargne, de retraite et de secours mutuels dans les deux pays rivaux est la réponse la plus directe aux lamentations qu’on fait encore par habitude sur le sort des ouvriers anglais. On distingue dans l’empire britannique les caisses d’épargne proprement dites (savings banks) des simples bureaux (money order offices) chargés seulement de recevoir et de transmettre les versemens. Les caisses principales, au nombre de 597, ne sont ouvertes qu’une heure ou deux par semaine. Les succursales, tenues bénévolement par des personnes offrant sécurité, sont ouvertes tous les jours, le dimanche excepté, de neuf heures à cinq heures : on en compte environ 2,400. On a de plus essayé avec succès ; un système tendant à faire des bureaux de poste autant de succursales des caisses d’épargne, et des récépissés de ces bureaux un élément de circulation. À la date des derniers documens. officiels (novembre 1859), le nombre total des déposans était de 1,479,723. Le total des sommes déposées et portant intérêt s’élevait à 974,896,900 fr. Depuis dix-huit mois, la progression paraît encore plus marquée que de coutume malgré cette vague anxiété qui a paralysé les affaires partout ailleurs.

Le, dernier compte-rendu en France se rapporte aussi à la fin de l’année 1859. Il y avait alors dans nos 433 caisses d’épargne 1,121,465 comptes ouverts, représentant à l’avoir, des déposans 336,461,832 fr. Il est juste de faire remarquer qu’en France la loi défend d’inscrire plus de 1,000 francs au nom, d’un même déposant, tandis qu’en Angleterre il n’y a pas délimites à l’importance des dépôts, ce qui permet à plusieurs corporations de placer leurs fonds dans les savings banks. Toutefois, même en. ne tenant compte que des crédits inférieurs à 1,000 francs, on voit qu’à la fin de 1859 ! il y avait déjà 1,198,763 livrets de cette catégorie, représentant un avoir un peu supérieur à celui des créanciers français. L’avantage