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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 37.djvu/761

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l’essor impossible. Mais tous les fonds sont solidaires ; la stagnation permanente du 4 1/2 devait empêcher toute hausse durable du fonds qui est le véritable étalon du crédit de l’état, le 3 pour 100. Le crédit public, se faisant par ses deux types une concurrence ruineuse, semblait donc voué à l’immobilité dans la médiocrité. Comme ministre obligé de manier et de conduire les délicats et puissans ressorts du crédit, nous concevons que M. Fould ait été offusqué de cet obstacle formidable du 4 1/2, et ait tout d’abord pensé à s’en affranchir.

Mais comment, dans les circonstances présentes, venir à bout du 4 1/2 ? Les temps ne sont point propices aux conversions avec réduction d’intérêt. Le 3 pour 100 étant bien au-dessous de 75, il n’était pas possible de réduire le 4 1/2 à 4 en le convertissant en 3 pour 100, ainsi que M. de Villèle l’avait vainement tenté en 1824. L’on n’avait devant soi que le mode de conversion employé avec plus de succès par M. de Villèle en 1825 : la conversion facultative. Encore n’était-il pas possible d’obtenir les avantages que put réaliser le ministre de la restauration. Par sa loi de conversion de 1825, M. de Villèle offrait aux propriétaires de rentes 5 pour 100 la faculté de requérir la conversion de leur 5 en nouvelles rentes 3 pour 100 au taux de 75, ou, en 4 1/2 au pair, en supportant ainsi sur la conversion en 3 une perte de 1 pour 100 du revenu, mais avec une augmentation de capital nominal de 33 pour 100, ou sur la conversion en 4 1/2 une perte d’intérêt d’un demi pour 100, mais avec cette compensation que le remboursement serait fait au pair seulement, après un délai de dix années. À cette époque, la dette en 5 pour 100 était de 140 millions de rentes, sur lesquels 57 millions appartenaient à des établissemens publics. La conversion facultative fut acceptée par un certain nombre de porteurs sur un chiffre de 31 millions 1/2 de rentes, dont la presque totalité se convertit en 3 pour 100, et M. de Villèle réalisa au profit du trésor une économie annuelle d’un peu plus de 6 millions.

Il n’eût pas été sérieux en ce moment d’essayer une conversion facultative aux conditions de celle de 1825. On n’eût pas trouvé de rentiers assez bénévoles pour consentir à une réduction d’un dixième ou d’un cinquième de leur revenu. Au surplus, par une opération semblable, qui, même dans l’hypothèse de la réussite, ne pouvait présenter qu’un avantage très restreint, il n’était pas possible d’atteindre le but qui vaut la peine d’être poursuivi, l’unification de la dette, ou même de s’en rapprocher sensiblement. M. de Villèle avait essayé de se consoler, par son opération partielle de 1825, de son échec de 1824. Cet habile ministre comprenait avec une sagacité remarquable que le fonds type du crédit de l’état doit être celui qui est établi sur le moindre taux d’intérêt, qui a le plus d’espace. Parcourir pour arriver au pair, qui a par conséquent le plus d’élasticité, et qui possède le plus d’influence sur l’abaissement progressif et général du loyer des capitaux. Il s’efforçait de concentrer dans le type unique du 3 pour 100