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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 41.djvu/387

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tentative venait ainsi à une heure propice, et dès cette première rencontre des produits de l’industrie universelle, les chemins de fer furent sérieusement représentés. On voyait dans l’arène douze ou treize locomotives ; presque toutes, il est vrai, étaient de fabrication anglaise : elles n’en fournissaient pas moins d’utiles objets d’étude à ceux des peuples, continentaux qui débutaient dans la carrière de ces constructions. À Paris, en 1855, la lice ouverte s’était élargie. Les bâtimens des Champs-Elysées renfermaient une vingtaine de locomotives. Singulier retour ! cette fois c’était l’Angleterre qui faisait à peu près défaut dans cette section du concours. L’année 1862 marque une phase nouvelle, en ce sens que les envois des îles britanniques et ceux du continent présentent de suffisans matériaux pour des appréciations comparatives. À coup sûr, c’est là une bonne fortune d’autant plus précieuse qu’elle a manqué à beaucoup d’autres industries. Des abstentions considérables, faciles à prévoir dans les circonstances données, rendent à peu près impossible, pour plusieurs grandes spécialités de travail, toute étude d’ensemble un peu large et un peu précise. Il n’en est pas ainsi pour les chemins de fer. On peut constater le point où ils sont arrivés, et entrevoir aussi les plus prochaines perspectives qui promettent de s’ouvrir à l’impatience de notre génération. Les indices de progrès, les signes de perfectionnement recueillis à travers les diverses catégories composant l’exhibition des chemins de fer, peuvent nous apprendre en outre quelles sont les formes sous lesquelles s’accuse de préférence dans cette industrie le génie de chaque peuple. Voilà quel est le champ ouvert à nos études ;, mais avant de l’aborder il n’est pas inutile de mettre en relief certaines circonstances qui touchent à l’influence que les chemins de fer peuvent exercer sur le travail industriel, et concourent à en marquer la place dans l’exposition de Londres.

On s’abuserait étrangement si l’on croyait que la portée principale, le caractère distinctif de cette exposition se rencontrent dans la série des produits manufacturés. Sans doute les ramifications si nombreuses et si variées qu’embrassent les articles de cette nature offrent aux regards, un magnifique épanouissement, sans doute on y trouve la preuve que l’industrie, loin de s’être engourdie, s’est encore distinguée par d’heureux efforts, par des applications nouvelles, soit dans telle ou telle spécialité, soit dans tel ou tel pays. Et pourtant, si l’exposition de 1862 se bornait là, elle ne serait guère qu’une copie des deux expositions universelles antérieures. Le fait seul qu’elle ne vient qu’en troisième lieu aurait été de nature à en diminuer le succès, Réduisez la scène à un étalage de produits fabriqués, et le public, un peu désenchanté de tels spectacles, qu’on lui montre à des époques évidemment trop rapprochées, n’aurait retrouvé ni son admiration ni son étonnement de 1851 ; mais le