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L’ANGLETERRE
ET
LA VIE ANGLAISE

XVII.
LES BEAUX-ARTS A L’EXPOSITION DE 1862.
LA PEINTURE ET LES PEINTRES DANS LE ROYAUME-UNI.

Il n’est guère de pays plus riches en objets d’art que la Grande-Bretagne, il n’en est guère aussi dont les richesses soient moins connues. J’ai vu des artistes français emporter de Londres une triste idée au point de vue qui les préoccupait ; cela s’explique : ils s’étaient bornés à visiter la Galerie nationale, National Gallery, qui contient de fort belles toiles, entre autres la Sainte Catherine de Raphaël, le Ganymède de Titien, le Jugement de Paris de Rubens, mais qui en somme ne répond point du tout à ce qu’on a le droit d’attendre d’un grand peuple et d’une florissante métropole. Ils en concluaient que les Anglais, entièrement absorbés par les machines, par les créations de l’industrie et par les découvertes matérielles, se soucient assez peu de rechercher les trésors de la peinture et de la statuaire. Cette conclusion est bien loin d’être juste. La Galerie nationale ne mérite point le titre qu’on lui a donné. D’origine récente, car elle ne date guère que de 1823, elle a été formée en grande partie de dons volontaires et de quelques achats du gouvernement ; elle est donc pauvre, si on l’envisage comme collection nationale, et le bâtiment qui la renferme est des plus laids. Érigé entre 1832 et 1838 d’après les