Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 46.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur naissance, et que leur âge rend accessibles à de plus saines impressions. L’humanité ne parlât-elle pas en leur faveur qu’un sentiment de prévoyance conseillerait de le faire. Cette classe est en effet criminelle par destination. C’est de ses rangs que sortent les escrocs, les voleurs émérites, les meurtriers même qui vont peupler l’es établissemens pénitentiaires ou expier sur un gibet le sang qu’ils ont versé. Comment les gardiens des pauvres ne voient-ils pas de quel avantage il serait pour la communauté d’agir fortement sur cette génération prédestinée au mal, de combattre dans son germe par un traitement approprié le vice héréditaire qui la ronge ? Même au point de vue du paupérisme, ne serait-il pas utile d’amender ces enfans, d’en faire pour le pays des serviteurs honnêtes, et de préparer ainsi des économies pour les services à venir ?

Les gardiens des pauvres ne voient ni si haut ni si loin ; ils s’en tiennent à leurs obligations les plus strictes, et il en est dans le nombre qui sont indifférens ou hostiles à l’éducation. Presque tous se regardent comme quittes quand ils ont maintenu une bonne discipline dans leurs établissemens et ménagé de leur mieux les deniers de la paroisse. S’ils instituent une école intérieure, c’est pour obéir à la loi et en la rejetant sur un plan secondaire ; ils lui mesurent d’une main avare et comme à regret les fonds nécessaires pour marcher. Nulle part on n’aurait un plus grand besoin de maîtres exercés et qui eussent pour eux l’autorité du caractère et du talent. Croirait-on que jusqu’en 1846 c’est parmi les pauvres eux-mêmes qu’on a choisi les maîtres des écoles intérieures pour n’avoir point à les salarier ? Il est facile de deviner ce qu’était une école avec de pareils directeurs ; dans bien des cas, les maîtres n’en savaient guère plus que les enfans qu’ils étaient chargés de former ; ils épelaient leurs lettres et bronchaient souvent sur l’orthographe. En vain le gouvernement insista-t-il à plusieurs reprises auprès des bureaux des paroisses ; ses avis étaient dédaignés, et il n’osait pas user de contrainte. Il recourut alors au seul moyen vraiment efficace. Un fonds de 30,000 livres sterling fut affecté aux traitemens de maîtres et de maîtresses dont le choix devait être confié aux inspecteurs du conseil privé et soumis pour la forme aux bureaux des pauvres. Ces traitemens variaient, suivant le grade, entre 60 et 15 livres de fixe, plus un droit par tête d’élève de 6 à 3 shillings, également en rapport avec le grade. La quotité de ce subside devait être fixée chaque année ; de 1847 à 1861, il s’est maintenu aux environs de 31,000 livres. À chaque année scolaire, Aon procède à une nouvelle collation des grades. Les inspecteurs du conseil privé visitent les écoles, et décident, après examen, quel sera le diplôme du maître. Cette organisation ne brille pas par la simplicité. Il y a