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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 46.djvu/849

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Les documens d’où nous voulons tirer le sujet de quelques études, dont celle-ci est la première, ne sont pas les moins curieux du recueil. Nous abrégerons le plus possible nos propres réflexions pour donner une large place aux extraits et aux citations. On trouvera, nous l’espérons, l’étendue de ces citations doublement justifiée par l’intérêt et par la nouveauté, puisque l’ouvrage qui nous occupe n’a pas été traduit en français[1].


I.

La longue carrière diplomatique de lord Malmesbury le conduisit successivement, dans un espace de trente années, à Madrid, à Berlin, à Saint-Pétersbourg, à La Haye et en France. Né le jour même où sa famille apprenait la nouvelle de la bataille de Culloden, entré dans le monde au moment où la paix de Paris venait de terminer la guerre de sept ans, lord Malmesbury fut mêlé, jusqu’à la fin de sa vie, aux plus grandes affaires de l’Europe et lié avec les hommes les plus éminens de son pays. Sa laborieuse carrière est retracée dans une notice placée par son petit-fils en tête de la publication de 1845, et à laquelle nous emprunterons d’abord quelques détails pour donner une idée aussi complète que possible de l’homme que nous suivrons plus tard sur les principaux théâtres de son activité.

La famille de lord Malmesbury était originaire du Wiltshire et habitait l’hiver l’ancienne ville de Salisbury. Son père, M. Harris, fut le premier qui la tira de l’obscurité. C’était un savant distingué. Il publia des ouvrages philosophiques et un traité sur la grammaire qu’il appela Hermès, Lowth, évêque de Londres, parle de ce dernier ouvrage connue du « plus parfait modèle d’analyse qui ait vu le jour depuis Aristote. » Il fut traduit en français par Thurot, d’après l’ordre du directoire, en 1796. La réputation de M. Harris, comme un des premiers érudits de son temps, le fit envoyer au parlement par le bourg de Christ-Church. Il fut un des lords de la trésorerie en 1763 et devint en 1774 secrétaire et contrôleur de la maison de la reine. Il siégea au parlement jusqu’à sa mort, en 1780. — Quand il prit séance pour la première fois, John Townshend demanda qui il était; sur ce qu’on lui répondit qu’il avait écrit sur la grammaire et l’harmonie : « Dans ce cas, il n’a que faire ici, s’écria Townshend, il n’y trouvera ni l’une ni l’autre! »

Son fils, né le 21 avril 1746, fut envoyé de bonne heure aux

  1. Rappelons cependant que la Revue s’est occupée le 1er janvier et le 1er mai 1846 de cette correspondance diplomatique, mais en s’attachant à quelques épisodes qui ne tiennent point de près à notre sujet principal.