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par tout le monde. Le premier congrès agricole s’est réuni, il y a dix-huit ans, sous l’inspiration de M. le baron Sloet tot Oldhuis, économiste éminent, membre distingué des assemblées législatives, homme de science et d’initiative, qui présidait encore en 1862 à Middelbourg les grandes assises de l’agriculture néerlandaise. La session close, nous fûmes tous invités à visiter le Wilhelmina-Polder, et un bateau à vapeur fut mis à notre disposition pour nous y conduire. Or voici ce que c’est que le Wilhelmina-Polder. En 1809, vingt-trois négocians de Rotterdam achetèrent à l’état, en vente publique, pour la somme de six tonnes et demie ou 1,400,000 fr. environ les schorren, c’est-à-dire les relais limoneux qui s’étaient formés entre les deux îles de Oost et Zuid-Beveland ; 1,100,000 fr. furent consacrés à endiguer les schorren et à réunir les deux îles. Un bras de mer fut supprimé ainsi, et 1,434 hectares conquis à la culture moyennant une avance de 2 millions 1/2. Ces 1,434 hectares de terre, toute de première qualité, d’un seul tenant, et mis en valeur sous la direction unique d’un agronome du plus grand mérite, M. J.-G.-J. Van den Bossche, forment aujourd’hui, sans contredit, l’une des plus belles exploitations agricoles qui existent dans le monde. La superficie du domaine est divisée en champs réguliers de 10 hectares par des avenues qui se coupent en ligne droite. Les digues et une centaine d’hectares de terrains bas et peu nivelés restent en prairie permanente. Tous les champs sont entourés de haies vives, afin qu’on puisse y lâcher les animaux pendant les deux années de la rotation qui y ramènent les prairies artificielles. Six grandes agglomérations de bâtimens, placés à peu près à distance égale, abritent le bétail, les instrumens aratoires et les récoltes. On peut y admirer des étables modèles, des granges d’une dimension inouïe, de grands yards pour le fumier, et tous les engins perfectionnés en usage en Amérique et en Angleterre, une batteuse locomobile de Hornsby, une batteuse fixe de Ransome et Sims, les brise-mottes de Croskill, un excellent coupe-racines de Bentall, une faucheuse de Mac-Cormik, la charrue américaine, etc. Pour préparer là garance récoltée sur la propriété, un séchoir, avec moulin à vapeur, a également été érigé. Au centre du domaine s’élève le village, "Wilhelmina-Dorp, situé le long du canal, qui va de la ville de Goes à la mer. Son église, son école, ses demeures d’ouvriers et ses petites boutiques, tout est également correct et bien entretenu. Le bétail mérite aussi de fixer l’attention. Par le croisement de la vache zélandaise avec le taureau durham, M. Van den Bossche a obtenu une race intermédiaire dont les qualités sont si précieuses que toutes les jeunes bêtes dont il consent à se défaire sont enlevées à dettes hauts prix par les propriétaires allemands. Les moutons ne