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gaz d’éclairage. L’invention première des frères Montgolfier consistait, on s’en souvient, en un ballon percé d’un orifice inférieur au-dessous duquel était suspendu un réchaud allumé. Ce procédé présentait le précieux avantage que le gonflement s’opérait en quelques minutes et sans dépense appréciable; mais, si d’un côté il y avait économie de temps et d’argent, il faut avouer que la force ascensionnelle était faible et que le poids du combustible surchargeait inutilement la nacelle. La densité de l’air échauffé à 10 degrés est de 0,96, c’est-à-dire que l’air ne perd à cette température que 4 pour 100 de son poids. Il fallait donc que l’appareil eût de grandes dimensions. Eh outre il est à considérer que le feu allumé au-dessous d’une étoffe inflammable était un danger permanent; aussi l’emploi en fut-il interdit par ordonnance de police sous la restauration pour les ascensions qui étaient opérées dans les fêtes publiques. Ce danger ne serait plus à craindre maintenant que l’on sait rendre les tissus incombustibles au moyen d’une dissolution de sels alcalins.

Le carbure d’hydrogène, vulgairement appelé gaz d’éclairage, que l’on prépare en grand dans toutes les villes importantes, ne pèse que 2 pour 100 en moins que l’air atmosphérique. Aussi ne donne-t-il au ballon qu’une force ascensionnelle très faible, qu’il faut accroître en augmentant le volume de l’enveloppe. Cependant les aéronautes de profession en font toujours usage. Il a pour eux l’avantage d’être à bon marché et de se trouver toujours tout fabriqué. D’ailleurs l’aérostat des fêtes publiques, n’ayant pas besoin de s’élever très haut, n’exige qu’une faible puissance, et quant à l’excessive dimension de l’enveloppe, c’est un attrait de plus pour le spectateur.

L’hydrogène est préférable à tout autre gaz, grâce à sa faible densité, car, seize fois plus léger que l’air et que le gaz des manufactures, il fait perdre au contenu du ballon 94 pour 100 de son poids. On peut lui reprocher peut-être qu’en raison précisément de son extrême fluidité il filtre plus aisément à travers l’étoffe qui le retient. On objecte encore qu’il est d’un prix élevé : lorsqu’on ne fabrique l’hydrogène qu’accidentellement, en vue par exemple de gonfler un seul ballon, ce gaz coûte environ dix fois plus cher que celui qui est fabriqué dans les usines pour l’éclairage. Il faut remarquer cependant que l’industrie se perfectionnerait, s’il en était demandé de plus grandes quantités. On peut se rappeler à ce propos qu’il y a quelques années il fut établi près de Paris une usine qui préparait l’hydrogène pour le chauffage et l’éclairage, et le livrait aux consommateurs à un prix assez modéré pour lutter contre les usines plus anciennes, qui ne fournissaient guère que des carbures d’hydrogène.