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LA GRECE
DEPUIS LA REVOLUTION DE 1862

I.
L'ANNEXION DES ILES-IONNENNES


I

En arrivant d’Athènes à Corfou le 6 octobre 1863 sur le Nettuno, bateau à vapeur du Lloyd autrichien, je ne pouvais oublier que trois ans auparavant j’avais déjà visité les Iles-Ioniennes. Il eût été difficile alors de prévoir que les réclamations des Ioniens demandant à être affranchis du protectorat britannique seraient si rapidement satisfaites ; mais en trois ans les choses avaient bien changé. À la fin de 1862, le trône de la dynastie bavaroise s’était écroulé au souffle d’une révolution que de sages réformes auraient pu prévenir. La prépondérance anglaise avait aussitôt paru établie en Grèce sur des bases inébranlables, et le suffrage, sincère ou non, du peuple hellénique avait appelé au trône le second fils de la reine Victoria. Le gouvernement de l’Angleterre n’avait point accepté pour le jeune prince la couronne qui lui était offerte, mais les manifestations d’Athènes semblaient avoir modifié sa politique jusqu’alors hostile à la Grèce. Il avait annoncé à l’Europe la résolution d’abandonner le protectorat des Iles-Ioniennes et de laisser ce pays s’annexer à la Grèce, l’offrant comme dot au nouveau souverain que les puissances protectrices appelleraient à monter sur le trône hellénique. Après le vote de l’assemblée nationale grecque et le traité signé à Londres