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Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 49.djvu/318

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ainsi que le dit le texte même, car ces localités se retrouvent encore dans le canton sous le nom de Salk et de Windesheim. Tout le pays était également divisé en marken, et même les villes principales, Deventer, Zwolle, se sont développées au centre d’anciennes marches. C’était aussi dans les coutumes de ces associations primitives qu’il fallait chercher l’origine de leurs institutions municipales avant que le régime français ne les eût fait entrer dans le cadre uniforme d’une loi identique pour tout le royaume. Plusieurs cités, comme Genemuiden, Hattem, Deventer, Steenwyk, possèdent encore un lambeau du vaste territoire commun, c’est-à-dire un grand pâturage, la greente, où des habitans privilégiés ont le droit d’envoyer un certain nombre de vaches en vertu d’un droit héréditaire. Dans le Salland et dans le comté de Zutphen, dont le terrain et la culture sont à peu près les mêmes, les marches ont été partagées ou vendues ; cependant les cours d’eau, les chemins et les ponts sont encore restés communs et sont entretenus au moyen d’un léger impôt prélevé sur les terres de l’ancienne circonscription. Jusqu’à présent, le système d’exploitation ne s’est pas éloigné beaucoup de l’assolement triennal de la Drenthe et de la Twenthe : deux années de seigle et la troisième année sarrasin ; mais on cultive déjà le navet en récolte dérobée, et l’on accorde plus de place aux pommes de terre. Les cultivateurs du Salland jouissent en outre d’un avantage énorme qui fait complètement défaut aux habitans des deux districts précédens, situés à un uiveau plus élevé. Ils ont à leur portée les terres vertes, groenlanden, qui bordent les grandes rivières avoisinantes, l’Yssel, le Zvvarte-water, le Vecht, et qui occupent toute la région basse et tourbeuse des côtes du Zuyderzée. Tous achètent du foin ; ils ont aussi toujours en location une certaine étendue de pâturages, et ils peuvent ainsi se passer des mottes de bruyère, des plaggen, qui commencent à leur manquer de plus en plus à mesure que les marches se partagent et que les landes se mettent en valeur.

L’étendue ordinaire des fermes est de 10 à 12 hectares ; celles de 20 à 25 hectares sont plus rares et passent déjà pour de la grande culture. La proportion considérée comme la meilleure, celle qu’on cherche à atteindre, est un tiers de terres à labour et deux tiers de terres vertes, pâturages ou prés à faucher. Grâce à cette prédominance des prairies, le fermier peut tenir un nombreux bétail. Sur ses 12 hectares, il a sept ou huit vaches à lait, trois ou quatre génisses, autant de veaux, un cheval et plusieurs porcs, ce qui fait plus d’une tête par hectare. Quoique ces animaux soient souvent au pâturage, ils rentrent toujours l’hiver et l’été parfois la nuit, quand la distance n’est pas trop grande. On réunit ainsi assez d’engrais pour fumer toutes les récoltes, excepté celle du sarrasin,