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Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 49.djvu/411

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treize ou quatorze témoins du crime de Mme Le Féron[1]. Il me remit ensuite l’original (de l’interrogatoire) du nommé Lesage qu’il a désiré que je n’aye point envoyé à votre majesté, parce que, étant long et mal écrit, il lui avoit donné de la peine à déchiffrer. Je suis convenu avec lui de le garder jusqu’à ce que je puisse avoir l’honneur de le lire à votre majesté à Saint-Germain.

« Tout ce que votre majesté a vu contre M. de Luxembourg et M. de Feuquières n’est rien auprès de la déclaration que contient cet interrogatoire, dans lequel M. de Luxembourg est accusé d’avoir demandé la mort de sa femme, celle de M. le maréchal de Créqui, le mariage de ma fille avec son fils, de rentrer dans le duché de Montmorency, et de faire d’assez belles choses à la guerre pour faire oublier à votre majesté la faute qu’il a faite à Philisbourg.

« M. de Feuquières y est dépeint comme le plus méchant homme du monde qui a saisi les occasions de se donner au diable pour faire consentir la demoiselle Voisin à empoisonner l’oncle ou le tuteur d’une fille qu’il vouloit épouser… »

« A LA REYNIE. — Chaville, 16 octobre 1679. — J’ai rendu compte au roi de toutes les lettres que vous avez pris la peine de m’écrire depuis sept ou huit jours, dont la dernière est d’hier, et des mémoires et procès-verbaux qui les accompagnoient et que je vous renvoie tous.

« Sa majesté, qui en a entendu la lecture avec horreur, désire qu’on instruise toutes les affaires dont il y est fait mention, et que l’on acquière toutes les preuves possibles contre les gens qui y sont nommés. Sa majesté est très persuadée que vous n’oublierez rien de tout ce qui est nécessaire. »

« AU MEME. — 3 février 1680. — Le roi a été informé qu’une femme nommée Roannés a entré dans tous les commerces dont Mme la comtesse (de Soissons) est soupçonnée, même a contribué à la mort de deux ou trois domestiques, dont on dit qu’elle étoit embarrassée…

« A l’égard de la personne à laquelle l’usage du poison n’est pas inconnu, et que vous croyez qu’il est dangereux de laisser à la cour, le roi a jugé à propos de vous entendre sur cette affaire, quand vous reviendrez. Désignez tel jour de la semaine où nous allons entrer qui vous sera le plus convenable. Il faut que ce soit avant neuf heures du matin ; en vous montrant à la porte du cabinet du roi lorsqu’il y entrera avant d’avoir prié Dieu, sa majesté vous fera entrer et vous entretiendra sur cette affaire. »

« Au MEME. — Villers-Cotterets, le 15 mars 1680. — C’est à Condé en Champagne, à deux heures de Montmirail, et qui appartient à Mme la princesse de Carignan, que Mme la comtesse (de Soissons) étoit pendant sa disgrâce[2]. Le gentilhomme que l’on prétend y être mort de poison se nommait Davery, et la femme de chambre que l’on soupçonne avoir eu le

  1. Femme d’un président du parlement accusée d’avoir empoisonné son mari ; elle fut bannie du royaume pour dix ans.
  2. Cette disgrâce ne fut pas de longue durée ; elle était survenue le 30 mars 1665 à l’occasion d’intrigues auxquelles Louis XIV, Madame, le comte Guiche et Vardes se trouvaient mêlés.