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flotte, du fort Fisher, ouvrant de la sorte le chemin de Wilmington. Cette ville, située à deux cents milles de Richmond, partagea bientôt le sort de Savannah et de Charleston. Les généraux Scofield et Terry avaient dès ce moment à leur disposition le chemin de fer de Weldon, si nécessaire à l’armée de Lee. De son côté, Sherman pénétrait à Colombia (17 février 1865), c’est-à-dire au cœur de la Caroline du sud, que Beauregard évacuait en toute hâte, se retirant vers Charlotte, dans la direction du nord. Le général Sherman ne crut pas devoir le poursuivre, et se détermina à marcher en droite ligne dans la direction de l’est, de manière à effectuer aussi promptement que possible sa jonction avec les colonnes de Scofield et de Terry. Ce nouveau plan de campagne l’obligeait à se diriger vers Fayetteville, place située sur la rive gauche de la rivière Cape-Fear. A Fayetteville, il devait trouver une rivière navigable qui le mettrait en communication avec Wilmington, petite ville transformée en place d’armes pour notre armée. C’est de Wilmington que s’avançait vers Sherman le général Terry. Le général Scofield avait mis, lui aussi, son armée en mouvement ; il quittait Newborn et se dirigeait davantage vers l’est, opérant sur une ligne directe contre Richmond.

Vers le 11 mars, Sherman paraissait devant Fayetteville après une marche de cent cinquante milles. A son approche, les confédérés, sous les ordres du général Hardee, se hâtèrent d’abandonner cette importante place avec tout son matériel de guerre. Ce point stratégique étant gagné, le général Sherman se trouvait à une distance de deux cents milles de l’armée du général Grant, et sur le point d’effectuer sa jonction avec les deux autres colonnes opérant sur les côtés de cette armée. Il avait en face de lui le général confédéré Johnstone, dont les troupes étaient disséminées sur une trop vaste étendue de terrain pour qu’on pût attendre d’elles une résistance sérieuse. Le général Johnstone commit cependant la faute d’essayer des manœuvres inutiles contre la puissante armée de Sherman, au lieu de se retirer rapidement et d’attaquer une des deux autres colonnes qui s’avançaient et qu’il lui eût été facile d’anéantir, leur force étant de beaucoup inférieure.

Après s’être reposé deux jours à Fayetteville et avoir établi des communications avec les deux autres généraux unionistes, Sherman se remit en marche, divisant son armée en deux colonnes et la dirigeant sur Goldsboro, point important sur le chemin de fer de Weldon et Richmond, et situé à environ soixante milles de Fayetteville. Pendant ce temps, le général Scofield s’approchait aussi de Goldsboro, et le général Terry suivait la même direction presque parallèlement à l’armée de Sherman. A un endroit nommé Aversboro, Sherman eut à repousser une tentative de résistance du général Hardee, qui, après avoir évacué Fayetteville, s’était retiré sur la rive gauche de la rivière Cape-Fear. Il continua sa marche, à laquelle l’ennemi ne s’opposa plus que faiblement, et ne négligea point toutefois démasquer