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ses écrits. Je ne crois pas que dans aucune bibliothèque il existe aujourd’hui un manuscrit ainsi intitulé.

Le quatrième document énuméré ci-dessus, malgré une contradiction apparente, confirme le résultat auquel nous venons d’arriver touchant la composition de « l’Évangile éternel, » et prouve que ce n’était pas là seulement une vue personnelle des commissaires d’Anagni. Nous y trouvons en effet que « l’Evangile éternel » proprement dit contenait au moins deux parties. La première s’appelait Prœparatorium in Evangelium œternum, la seconde s’appelait Concordia Novi et Veteris Testamenti ou Concordia veritatis, et était divisée en cinq livres. Il est évident que l’auteur de ce document aura considéré l’Introductorium ou Prœparatorium in Evangelium œternum, qui ailleurs est distinct de « l’Évangile éternel, » comme un premier livre de ce même « Évangile éternel. » La « Concorde » se trouve ainsi n’être plus que le second livre. S’il n’est pas ici question de « l’Apocalypse » et du « Psaltérion decacorde, » c’est sans doute parce qu’on jugeait ces parties moins importantes, ou parce qu’elles ne faisaient que répéter les erreurs du Prœparatorium et de la Concordia. Mais ce qui prouve invinciblement que notre hypothèse est véritable, c’est : 1° que les erreurs données dans le quatrième document comme extraites de la première partie de l’Évangile éternel, intitulée Prœparatorium in Evangelium œternum, sont identiques à celles que nous avons trouvées dans le rapport des cardinaux d’Anagni comme extraites de l’Introductorium in Evangelium œternum ; 2° que les erreurs données par le quatrième document comme extraites de la seconde partie de « l’Évangile éternel » sont bien réellement extraites du livre de la (i Concorde » de Joachim, dont l’ordre et les divisions sont suivies de point en point. Il n’y a là qu’une simple différence d’arrangement. Nous adopterons comme préférable la division suivie par la commission d’Anagni.

Il reste donc tout à fait acquis que « l’Évangile éternel » proprement dit n’était autre chose que la réunion des trois principaux écrits de Joachim, et par conséquent que « l’Introduction à l’Évangile éternel » en était distincte, bien qu’on l’y réunît quelquefois comme un premier livre. Cette distinction résulte avec évidence du rapport de la commission d’Anagni. Nous y voyons en effet que les cardinaux avaient entre les mains un ouvrage intitulé : Introductorium in Evangelium œternum, qui avait été adressé au pape par l’évêque de Paris ; nous y apprenons en outre que cet ouvrage était simplement divisé en chapitres et non en livres ; enfin c’est d’après cet ouvrage que les cardinaux concluent que « l’Evangile éternel » proprement dit était formé par la réunion des trois ouvrages de Joachim. Voici une nouvelle preuve de la même dis-