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dette ancienne et aux 68 de la nouvelle il faut ajouter toutes les obligations que la ville contracte chaque année soit avec des particuliers pour des acquisitions d’immeubles et des travaux de voirie, soit avec l’état et le département pour l’achèvement de monumens publics. L’ensemble du passif au 30 septembre 1865 s’élevait à 103,470,000 francs. Le dernier rapport du maire de Marseille lui oppose, il est vrai, un actif de 33 millions, et fait observer que l’émission du dernier emprunt de 9 millions n’a pas encore eu lieu. Toutefois il faut remarquer que l’actif comprend une demande litigieuse adressée par la ville à l’état pour de prétendues avances faites dans l’opération du lazaret, tandis que dans le passif ne figurent pas 5 millions destinés par une des lois d’emprunt à l’exécution de divers travaux, notamment de la rue de l’Impératrice. Pour rester dans le vrai, il faut se placer en face d’une dette de 100 millions, et se préoccuper des moyens annuels d’y faire face. La question de l’excédant des ressources ordinaires prend donc ici une très grande importance, et le classement du service de la dette dans le budget extraordinaire est un expédient de comptabilité peu sérieux. Quand les dettes sont émises à un aussi long terme que celles du Crédit foncier par exemple, ce n’est qu’après y avoir pourvu qu’on peut se targuer d’avoir sur les recettes ordinaires un solde disponible, et c’est par ces recettes elles-mêmes qu’il faut couvrir les annuités. Quant aux grands travaux publics, on peut jusqu’à un certain point les qualifier d’extraordinaires et y faire face, à défaut d’excédant de recettes ordinaires, par des recettes extraordinaires proprement dites. Il ne faut pas oublier cependant que les travaux appellent les travaux; Marseille d’ailleurs n’est pas une ville faite, mais une ville en voie de progrès, de développement continu et prochain. Comme tout être qui grandit, elle exige de larges satisfactions dans le présent, mais elle doit aussi ménager ses forces pour l’avenir. A cet égard, les chiffres donnés par le rapport de M. Bernex, maire de Marseille, et que nous avons déjà cités, dévoilent un optimisme excessif. Il suppose qu’après l’achèvement des travaux aujourd’hui en cours d’exécution la dette de Marseille se trouvera réduite aux 77 millions de la nouvelle dette, et que l’actif suffira pour éteindre l’ancienne. Nous avons dit pourquoi nous ne partagions pas cet avis; mais n’y aura-t-il plus de travaux à poursuivre? n’en existe-t-il pas aujourd’hui d’urgens, tels que l’épuration des eaux, l’achèvement des égouts, le nivellement des rues montueuses? Après ces dépenses, et en supposant, comme l’honorable M. Bernex, que les travaux prévus ou commencés n’amènent plus de mécomptes, des dépenses d’un autre ordre n’exigent-elles pas des efforts de plus en plus soutenus? Il y a dix ans, Marseille comptait 26 écoles communales de garçons, 18 de filles, 5 salles