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Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 64.djvu/944

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sa part semblât enfreindre une obligation formellement imposée.

La réponse de M. Gladstone fournit un précieux document pour l’histoire de la dernière crise et pour la saine appréciation de la politique financière. Elle précise les faits et pose les principes. Après avoir déclaré qu’il n’avait reçu aucune plainte, le chancelier de l’Echiquier dit : « Ces questions ont été soulevées d’une manière très opportune ; elles me fournissent l’occasion de dissiper un malentendu qui a eu cours au dehors, et qui paraît avoir affecté dans une certaine mesure l’opinion publique. Ce malentendu se rattache et aux avances sur fonds publics et à l’escompte du papier de commerce. Le meilleur moyen de savoir comment la Banque d’Angleterre s’est comportée vis-à-vis de ces deux grandes branches de l’office qu’elle remplit, c’est simplement de rappeler les chiffres qui les concernent ; je pense qu’en s’y référant on aura la conviction que la Banque ne s’est point refusée à prêter sur fonds publics. Voici les faits : les avances consenties par la Banque d’Angleterre sur dépôt de fonds se sont élevées vendredi, le jour de la panique, à 929,000 livres sterling ; le lendemain samedi, elles ont été de 747,000, et avec les diverses sommes prêtées les trois jours suivans elles ont atteint un total de 2,874,000 livres sterling (environ 72 millions de francs) en cinq jours. En ce qui regarde le commerce en général, le meilleur moyen de mesurer l’aide qu’il a reçue par suite de la manière dont la Banque a exercé ses fonctions, c’est de constater qu’elle a consenti des avances sur lettres de change et des escomptes, pendant le même laps de temps, jusqu’à concurrence de 9,350,000 livres sterling (plus de 234 millions de francs), ce qui donne un total d’avances et d’escomptes de 12,225,000 livres sterling (plus de 333 millions de francs) en cinq jours. Rien qu’à voir ces chiffres, on reconnaît qu’on ne saurait reprocher à la Banque de s’être refusée à fournir au commerce l’assistance voulue ; mais je dois ajouter que certaines paroles de la lettre du gouvernement étaient expressément destinées à faire connaître que l’on ne devait point s’attendre à ce que la Banque d’Angleterre pût se départir, sous la pression de ces circonstances difficiles, des règles de la prudence. La promesse conditionnelle signée par le premier ministre et par moi consiste en un engagement de nous adresser au parlement pour lui demander une sanction législative, au cas où la nécessité de pourvoir aux avances et aux escomptes ferait dépasser la limite posée par la loi pour l’émission des billets ; mais cette promesse se trouve surbordonnée à la condition que la Banque, au lieu de fournir à chacun ce qu’il demande, continuera d’obéir aux règles de prudence qui la guident d’habitude. C’était là une restriction d’une grande importance, et le soin de l’appliquer, ainsi qu’il a été entendu, est entièrement laissé à la