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LA
PRUSSE ET L'ALLEMAGNE

III.
LES MYSTERES DE LA CONFEDERATION DU NORD ET DE LA CONSTITUTION FEDERALE[1].


I

Il y a des gens dont la fantaisie est d’être contens ; il en est d’autres qui ne sont pas contens, mais qui font de nécessité vertu : ils tiennent par dignité à n’avoir pas l’air fâché, ils pratiquent philosophiquement ce grand principe, que, lorsqu’on n’a pas ce qu’on aime, il faut tâcher d’aimer ce qu’on a. Grande Saxe et petites Saxes, Brunswick, Oldenbourg, les deux Mecklembourgs, les deux Reuss, les deux Lippes, grands-duchés, duchés, principautés et villes libres, dans tous ces petits états souverains qui ont l’honneur de composer avec la Prusse, depuis 1867, la confédération allemande du nord, on trouve, sans trop les chercher, des gens qui sont contens et d’autres qui tiennent à s’en donner l’air.

Ces heureux et ces philosophes entrent souvent en conversation avec leurs frères et voisins de l’autre côté du Mein, et ces échanges de propos rappellent l’entretien classique que jadis eurent ensemble certain dogue et certain loup de La Fontaine. « Hommes de peu de foi, de quoi vous sert de bouder ? disent aux Souabes et aux

  1. Voyez la Revue du 15 novembre et du 15 décembre 1869.