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L’ART CONTEMPORAIN

BARYE ET SON ŒUVRE.

M. Barye n’est pas un nouveau-venu dans le domaine de l’art, depuis longtemps sa réputation est faite. Plusieurs de ses œuvres ont été ici même, alors qu’il était encore l’objet d’attaques sans mesure, appréciées avec autorité il y a vingt ans[1]. Il ne s’est point arrêté dans la voie qu’il s’était tracée d’avance. D’un pas égal, sans se hâter, sachant bien que ce qui est de pure improvisation dure peu, il a continué sa marche ; il a gardé une laborieuse fécondité. Son œuvre s’est donc incessamment accrue, et l’attention ne s’en est jamais détournée. Aujourd’hui elle mérite d’être étudiée dans son ensemble. Il est intéressant de rechercher à quel point l’artiste a tenu dans le cours de sa carrière les promesses de ses débuts. Il est en réalité telles circonstances imprévues qui modifient profondément, chez les artistes surtout, l’impulsion reçue ou la direction acquise. Les bons avis, les critiques, les éloges, le parti-pris de dénigrement, les événemens politiques eux-mêmes, agissent sur leur destinée et peuvent influer sur l’essor de leurs facultés.

Remontons aux débuts de M. Barye, suivons-le dans les étapes de sa vie militante. Comment l’élève de Bosio est-il arrivé à devenir le champion de l’école de la nature, à occuper une place telle

  1. Voyez, dans la Revue du 1er juillet 1851, l’article sur M. Barye, par Gustave Planche.