Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 95.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

animé de mauvais sentimens contre les représentans de l’autorité royale, et, trouvant chez les prêtres et les moines, souvent sortis de son sein, des consolateurs et des appuis, il accordait bien plus de confiance à ce qu’il leur entendait répéter qu’aux avis que lui donnaient les magistrats. Il prenait le parti de ceux que la police arrêtait comme séditieux. Le 2 septembre 1587, le bruit qu’on avait répandu qu’un prédicateur de Saint-Germain-l’Auxerrois, les curés de Saint-Séverin et de Saint-Benoît et quelques autres prêtres avaient été emprisonnés à cause de l’insolence de leurs sermons, provoqua une véritable émeute. On sonna le tocsin à l’église Saint-Benoît, on cria : aux armes ! dans la rue Saint-Jacques. « Mes amis, disait un des mutins, qui est bon catholique, il est temps qu’il le montre ; les huguenots veulent tuer les prédicateurs et les catholiques. »

Les hommes de loi formaient une autre classe non moins hostile que le clergé au gouvernement royal. Avocats, procureurs, huissiers, greffiers, tous gens tenus à distance par la morgue de la haute magistrature, étaient animés envers celle-ci de sentimens de jalousie et de haine qui remontaient jusqu’au roi, dont les cours souveraines représentaient l’autorité. Bon nombre étaient irrités d’avoir été contraints par des mesures fiscales de payer deux fois leurs charges ou d’avoir perdu leurs plus gros profits. En 1586, les procureurs en étaient même venus à une rupture ouverte avec le roi, qui avait exigé qu’ils prissent, moyennant finance, des lettres de confirmation ; ils se refusèrent à paraître pour leur office au parlement et au Châtelet. Henri III eut peur d’une corporation puissante qu’il savait mal disposée à son égard, il leur accorda la révocation de l’édit.

L’opposition contre le gouvernement avait son principal organe et comme ses mandataires officiels dans le corps de ville. Ce bureau était composé du prévôt des marchands, de quatre échevins, de plusieurs conseillers, dits conseillers de la ville, appartenant généralement aux cours souveraines, ou exerçant quelque office de justice ou de finance, d’un procureur qui prenait le titre de procureur du roi et de la ville, et d’un certain nombre de notables bourgeois. On arrivait à la prévôté des marchands et à l’échevinage par l’élection. Les choix devaient sans doute recevoir l’approbation royale, mais c’était là une pure forme. L’assemblée qui élisait ces magistrats et ratifiait la présentation que faisaient de leurs successeurs les conseillers et le procureur de la ville, ainsi que quelques autres fonctionnaires municipaux, tels que le receveur et le greffier de la ville, était elle-même en partie le produit d’une première élection, car à côté d’un certain nombre de membres du clergé, de la magistrature et d’officiers du roi qui y prenaient part de droit, il y