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Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 95.djvu/195

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Est-ce aux impôts directs ? L’impôt foncier et la contribution personnelle et mobilière acquittent sur le principal 5 centimes communaux, l’impôt des patentes 8 ; les quatre contributions directes sont frappées de l’imposition spéciale pour l’instruction publique. L’ensemble de ces revenus ne dépassait guère 5 millions 1/2 ; en les doublant, on n’obtiendrait pas un grand résultat. Élèvera-t-on les impôts indirects ? C’est à l’octroi que les villes demandent en général les ressources nécessaires ; mais à Paris l’octroi est déjà frappé d’une surtaxe qui devait prendre fin en 1871, et que l’on prorogera sans doute. Le moment est-il bien choisi d’ailleurs, alors que le revenu de l’octroi diminue sensiblement, pour le surcharger encore, et pour précipiter ainsi la baisse ? Depuis longtemps, toutes les combinaisons financières avaient pour base l’augmentation progressive du revenu de la ville, sans création ni augmentation de taxes. Aujourd’hui c’est à d’autres moyens qu’il faut recourir, non pas que l’augmentation de certains revenus soit chimérique, comme lorsqu’il s’agit du produit de la distribution des eaux ou de la participation aux bénéfices de la compagnie parisienne du gaz ; mais à des maux si grands il faut des remèdes plus héroïques et immédiats. Au lieu de bouleverser l’assiette des taxes actuelles, de se payer d’illusion, de vivre d’expédiens toujours chers, nous préférerions de beaucoup que, sous la dénomination de taxe de guerre, la population parisienne fût appelée directement à pourvoir au déficit momentané de ses finances. Les propriétaires et les locataires des 30,000 maisons de Paris devraient, à l’exception seulement des nécessiteux reconnus, acquitter cette taxe proportionnellement à la valeur des immeubles et au prix des locations. L’assiette et le recouvrement, la répartition et la proportionnalité ne donneraient lieu à aucune difficulté nouvelle : le travail, on peut le dire, est déjà fait. Cette taxe, diminuant avec le déficit même, peut n’être que très momentanée ; votée par le conseil municipal, répartie par des agens plus expérimentés que ce jury chargé de mettre d’accord les propriétaires exigeans et les locataires de mauvaise foi, acquittée par tous les locataires sans rédemption aucune même pour les petits logemens, la taxe de guerre contribuerait plus que toute autre épreuve à faire l’éducation des habitans, à rétablir l’ordre, à consolider la paix. Quant au poids de l’impôt même, et sans aucun doute il serait bien lourd, il n’y a rien à en dire, sinon qu’il est nécessaire, et pourrait n’être que transitoire. Dans les conjonctures semblables à celles où nous sommes, on a toujours considéré comme le meilleur système celui qui fait payer au présent les maux du jour, et laisse l’avenir plus libre ; on n’a recours à l’emprunt que lorsque sans lui le présent serait entièrement accablé. C’est pour obéir à ce principe qu’à côté des emprunts proposés nous demandons