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Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 95.djvu/371

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de 1858 à 1867 inclusivement a été en moyenne de 35,366,000 fr. ; cela représente pour 1,090,000 hectares un revenu annuel en bois, abstraction faite des autres produits assez importans d’ailleurs (4,633,000 fr.), de 32 francs par hectare. Il y a plusieurs remarques à faire sur ce chiffre. Nous devons constater d’abord qu’il est plus élevé que dans tout autre état européen, que la proportion des frais d’administration et d’entretien à déduire du produit brut est plus faible au contraire que partout ailleurs, car elle atteint à peine 20 pour 100, — qu’en déduisant cette fraction du produit brut total, s’élevant à 36 francs, on trouve que les forêts domaniales donnent par hectare au moins 29 fr. de produit net, ce qui est bien quelque chose, si l’on réfléchit qu’une grande étendue de ces forêts occupe des terrains de dernière qualité, et que ce produit net est à peu près double de celui que les particuliers obtiennent de leurs bois en France. Cependant il est clair que les forêts domaniales sont bien éloignées de fournir tout le revenu qu’il est possible d’en obtenir, puisqu’elles en donnent à peine aujourd’hui le tiers, et les mesures à prendre à cet égard se résument principalement dans l’esprit d’économie, dont la réserve des chênes est une des premières applications. En second lieu, le produit brut en argent des forêts domaniales n’était en moyenne de 1828 à 1837 inclusivement, pour 1,120,000 hectares que l’état possédait alors, que de 19 francs par hectare au lieu de 36 francs, chiffre actuel. La hausse des prix a-t-elle été la seule cause de cette augmentation de revenu ? D’une part, les forêts domaniales ont perdu depuis trente ans, par l’aliénation, environ 120,000 hectares de bonnes forêts productives, tandis que par la remise des dunes à l’administration des forêts et par l’annexion de nouveaux départemens elles ont gagné environ 90,000 hectares de terrains d’un faible produit ; d’autre part, l’ouverture de routes forestières et l’accroissement du chiffre des exploitations ont donné aux coupes une plus-value notable en dehors de l’accroissement naturel du prix des bois. Ces deux résultats contraires se balancent dans une certaine mesure, et l’on est en droit d’en conclure qu’en un tiers de siècle le revenu des forêts de l’état s’est accru de plus de moitié par suite de l’augmentation seule du prix des bois, qui a porté surtout sur les bois d’œuvre, et cette progression se maintiendra dans l’avenir.

Quant au placement des valeurs engagées dans ces propriétés, à quelles conditions a-t-il lieu ? En général, le taux des placemens est plus élevé dans les taillis que dans les futaies. Par exemple, si une forêt de 100 hectares exploitée en futaie donne un revenu annuel de 10,000 francs, comme elle représente peut-être en fonds et superficie une valeur de 500,000 francs, le taux du placement n’est