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Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 95.djvu/827

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des produits utiles, de même que sur des plantes alimentaires ; il donne des indications sur les circonstances favorables au développement de certaines espèces, — et un jour des agriculteurs et des industriels bien avisés tirent profit des avertissemens de l’homme de science. Si l’on considère les êtres animés, ce n’est plus seulement la variété infinie des organismes, c’est aussi la complexité de chaque organisme qui rend l’étude longue et pleine de difficultés, mais avec les difficultés s’accroît la grandeur des résultats possibles. Les recherches de zoologie ont jeté de surprenantes lumières sur les âges du monde, elles ont fourni le guide le plus certain aux investigations du géologue, elles ont presque dévoilé les aspects de la vie sur la terre aux différentes époques de la nature. Chaque jour des observations précises, des expériences délicates, répandent de nouvelles clartés sur les phénomènes de la vie, et déjà le zoologiste ou le physiologiste s’anime à la pensée que sans doute le moment viendra où, mieux éclairés que nous ne le sommes encore sur les instrumens des perceptions extérieures, on démontrera d’une manière scientifique les causes de plusieurs facultés de l’homme et des êtres les plus remarquables. Les recherches du naturaliste, dont l’esprit plane au-dessus des intérêts matériels, apportent néanmoins des enseignemens précieux. Elles instruisent sur les qualités qu’on peut obtenir des animaux domestiques, elles apprennent les moyen de propager certaines espèces utiles, et de combattre les espèces nuisibles.

Après les tentatives infructueuses pour créer la pisciculture et l’ostréiculture, nous avons montré que seule l’étude approfondie des conditions d’existence des animaux qu’on voulait propager aurait assuré le succès[1]. Chaque année, une partie considérable des récoltes est détruite par des insectes ; les cultivateurs acceptent le mal, tant qu’il demeure contenu dans les limites ordinaires, avec une déplorable résignation. Lorsque le fléau prend des proportions inusitées, ils poussent des cris de détresse, et demandent au gouvernement un moyen de détruire les bêtes qui mangent le blé, qui ravagent les betteraves, qui font périr les vignes. Plus d’une fois, on a dit avec raison que les agriculteurs avaient tort de se plaindre, car, si le malheur les atteint, c’est qu’ils pèchent par ignorance et par incurie. Au lieu de songer à s’instruire, ils rêvent un moyen qui supprime simplement les bêtes nuisibles : il faut qu’on souffle dessus, ou tout au moins qu’on apporte une drogue capable d’anéantir les hôtes malfaisans. Ce qu’il faudrait demander, c’est la connaissance scientifique des êtres qu’il s’agit de combattre. Pourra-t-on jamais assez répandre une telle vérité ? Il est permis

  1. Les Poissons des eaux douces de la France.