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Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 95.djvu/963

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si avant le 10 octobre, c’est-à-dire tant qu’il restait quelques chances de percer les lignes ennemies, il n’a pas contribué à retenir autour de la forteresse 140,000 hommes qui en épuisaient les vivres ; si jusqu’à cette date il n’a pas été d’avis que l’armée devait rester sous les murs de Metz, si même il n’a pas insisté, comme on l’en accuse, pour qu’elle ne s’éloignât point. Sur cette question si grave et qui intéresse à un si haut degré la population de Metz, M. le général Coffinières garde le silence. Les Messins, auxquels il assure qu’il n’a jamais « cessé de défendre leurs intérêts, » ne lui en demandent qu’une preuve, c’est de démontrer, pièces en main, qu’il n’a jamais cessé de réclamer le départ de l’armée.

Sans aucune nécessité pour les besoins de sa cause, puisqu’il n’y est pas intéressé, uniquement dans l’espoir de me convaincre d’erreur, M. le général Coffinières, abordant les questions de détail, réduit à 525 quintaux de blé le chiffre de 16,000 quintaux de grain qui, suivant moi, ont été attribués par ordre du maréchal Bazaine à la nourriture des chevaux de l’armée. On me permettra d’en croire sur ce point le membre du conseil municipal de Metz, le calculateur habile et exact qui a publié depuis cinq mois le relevé minutieux du grain consommé par les chevaux, qui appuie son assertion sur des pièces justificatives, et qui n’a rencontré jusqu’ici aucun contradicteur. Je voudrais seulement, — et je m’étonne d’avoir à renouveler cette observation, — qu’on ne me fît pas dire ce que je n’ai point dit. Je n’ai point parlé de 16,000 quintaux de blé, mais de 16,000 quintaux de blé et de seigle, ce qui n’est pas la même chose. Comment M. le général Coffinières peut-il savoir que j’exagère la quantité de blé perdue, puisque je ne l’ai pas évaluée séparément ? Je n’ai pas dit non plus qu’une décision prise le 13 octobre par le commandant supérieur de la place ait été rapportée par le conseil municipal, qui n’en avait ni le droit ni le pouvoir. J’ai dit, — et cela est bien différent, — que M. le général Cofiinières l’avait rapportée après une délibération et sur la demande du conseil municipal.

Involontairement sans doute, mais fréquemment, M. le général Coffinières dénature ma pensée en employant pour la reproduire et pour mieux me combattre des expressions qui diffèrent des miennes. Aux exemples que j’ai déjà cités de ces trop nombreuses méprises, je suis obligé à regret d’en ajouter deux autres. J’ai parlé, page 425, « d’opérations autour de la place, » et conservé à dessein les expressions mêmes dont se sert dans son rapport le maréchal Bazaine ; M. le général Coffinières me répond, page 713, comme si j’avais parlé « d’opérations militaires. » Il ne doit point ignorer cependant que ce dernier terme, beaucoup plus général que l’autre, n’a pas le même sens. A la page 416, j’ai parlé des habitans et de la garnison de Metz, qu’on aurait pu employer avant le 26 août à compléter les fortifications de la place dans le cas