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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 97.djvu/932

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LOUISE

Et si la porte vous est fermée ?…

VALROGER

Je resterai sous la fenêtre. Je coucherai dans le jardin, sous un arbre.

LOUISE

Je suis sauvée ! vous vous enrhumerez !

VALROGER

Je tousserai à vous empêcher de dormir. Vous m’enverrez de la tisane !

LOUISE

Vous refuserez de la boire ?

VALROGER

Au contraire. Je la boirai.

LOUISE

Et alors ?

VALROGER

Alors vous aurez pitié de moi, vous me recevrez.

LOUISE

Et puis après ?

VALROGER

Je reviendrai.

LOUISE

Je me laisserai compromettre ?

VALROGER

Non ! vous fuirez, mais je vous suivrai partout. Partout vous me trouverez pour ouvrir la voiture et vous offrir la main.

LOUISE

C’est bien connu, tout ça.

VALROGER

Tout est connu. Je n’ai rien découvert de neuf, il n’y a rien de mieux que les choses qui réussissent toujours.

LOUISE

Alors c’est cela, c’est bien cela qui s’appelle compromettre une femme ?

VALROGER

Pas du tout ! Compromettre une femme, c’est se servir des apparences qu’on a fait naître pour la calomnier ou la laisser calomnier. Je ne calomnie pas, moi. Je suis homme du monde et gentilhomme. Je dirai à toute la terre que je fais des folies pour vous en pure perte, ce qui sera vrai jusqu’au jour où vous en ferez pour moi.

LOUISE

Et pourquoi en ferai-je ?