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soit égal à celui des membres qu’il s’agit de nommer, il sont tous élus par le fait ; mais on pense bien qu’il en est très rarement ainsi, et que l’affluence des compétiteurs en sens contraire donne presque toujours lieu à un scrutin. Cette épreuve se poursuit le même jour depuis huit heures du matin jusqu’à huit heures de l’après-midi dans différens locaux (polling places), mais jamais dans les cabarets, public houses. Les électeurs sont dans les villes les bourgeois, dans les campagnes les contribuables. A mesure qu’ils se présentent dans les divers bureaux, on leur donne un papier sur lequel ils doivent écrire leur nom et le nombre de votes qu’ils attribuent à chaque candidat. La chambre des communes avait d’abord décidé que le scrutin serait secret ; mais la chambre des lords, craignant de voir le ballot s’introduire par une porte de derrière dans le domaine de la politique, élimina cet article de la loi, et le gouvernement y consentit. Les Anglais ont donné le nom de cumulative vote (vote accumulé) à cette liberté qu’a chaque électeur de distribuer ses suffrages comme il l’entend. Qu’on suppose quatorze membres du school board à nommer, l’électeur peut donner quatorze voix à un seul candidat ou les répartir entre quatre ou cinq noms. Cette disposition singulière avait été introduite dans la loi pour assurer la représentation des minorités. Les femmes sont éligibles de même que les Anglais qui ne résident point dans la ville ou dans la paroisse. Chaque papier signé est déposé dans une boîte (polling box), et l’officier électoral préside au dépouillement des votes ; s’élève-t-il quelque contestation, il intervient dans le débat, et sa décision est sans appel. Les candidats qui sortent victorieux du scrutin sont nommés pour trois ans membres du school board. Ce long terme, qui contraste avec la mobilité des autres magistratures et charges électives en Angleterre, a été vivement blâmé par M. Bright.

Après les déclarations du ministère à la chambre des communes et en face de l’esprit libéral de la Ici, on put s’imaginer un instant que la paix était faite entre les diverses croyances religieuses : c’était la guerre qui commençait. Partout, aussi bien dans les villes que dans les campagnes, les élections pour les school boards furent autant de courses au clocher dans lesquelles la secte dominante de la localité cherchait à s’emparer de l’école au détriment des autres sectes. On avait cru extirper le mal, on l’avait au contraire enraciné. Dans beaucoup d’endroits, les électeurs s’occupèrent bien moins de choisir des hommes capables que des candidats répondant à leur manière de voir et professant la même foi théologique. A Birmingham et dans d’autres villes, la lutte donna lieu à des excitations fâcheuses. Les élections se firent au. cri de « la Bible ou à