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Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 12.djvu/804

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d’oiseau de proie. Un excellent dessin de M. Thobois, attaché à la mission en qualité d’architecte, présente une restauration de cet édifice où il n’est entré aucun élément conjectural. M. E. Lockroy, dont le crayon vigoureux a dessiné aussi pour la mission plus d’un site et plus d’un monument, a vu en Égypte, à Philœ, un naos absolument semblable.

Amrit possède encore sur son sol plusieurs pyramides sépulcrales qu’on aperçoit au loin de la haute mer. Les gens du pays appellent ces monumens El Awâmid-el-Meghâzil, « les colonnes-fuseaux ; » tous s’élèvent au-dessus de caveaux funéraires déblayés par la mission, ils sont placés à quelques mètres de l’entrée et de l’escalier par lequel on descend dans les chambres à fours. La nécropole de l’antique Marathus comptait sans doute bien d’autres meghâzil, M. Renan y voit ces horaboth, ces pyramides fastueuses qu’à l’époque où le poème de Job fut écrit les riches avaient accoutumé de faire dresser sur leurs tombes. L’un de ces monumens consiste en un soubassement rond, flanqué de quatre lions d’un grand effet, mais grossièrement sculptés, et d’un cylindre surmonté d’un hémisphère constituant un monolithe de 7 mètres de haut ; deux couronnes saillantes, formées de grands denticules et de découpures pyramidales à gradins, entourent le cylindre. Ce motif très ancien, dont l’usage se conserva surtout à Byblos jusqu’à la fin du paganisme, est imité des tours crénelées des remparts assyriens : tout le monde l’a pu voir au Louvre dans les fragmens des bas-reliefs du palais de Koyoundjik. Les autres meghâzil sont terminés, non par une demi-sphère, mais par de véritables petites pyramides ; de même pour l’énorme mausolée d’Amrit nommé Burdj-el-Bezzâk, « la tour du Limaçon, » qui n’est plus qu’un cube surmonté d’une corniche, construit par assises horizontales, sans ciment, en pierres de cinq mètres au moins.

A Byblos, l’ancienne Gebal cananéenne, M. Renan, guidé par un sentiment très sûr de l’emplacement où devaient avoir été situés les grands sanctuaires de cette ville, fit ouvrir une tranchée sur la colline que laisse à sa gauche le voyageur venant de Beyrouth, en quittant le bord de la mer et en s’avançant vers le khan de la petite ville actuelle. Les fouilles confirmèrent au-delà de tout espoir les prévisions de l’éminent antiquaire. Elles mirent à découvert une construction carrée en pierres colossales, un chapiteau en dehors du style classique, trois dalles d’albâtre où l’on remarque l’ornement à gradins d’origine assyrienne, et surtout un fragment de bas-relief représentant un lion aux formes d’une puissance extraordinaire, aux muscles saillans, et qu’on dirait détaché des murailles de quelque palais de Ninive, Non loin de là fut trouvé un bloc calcaire orné d’un bas-relief qui a nécessairement décoré un édifice