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Elle serait, pour toute la France, ce que sont pour quelques villes d’Italie les commissions dell’ornato. Combien d’objets d’art, de richesses artistiques de tout genre à signaler, à protéger, à recueillir ! Le Comité des sociétés savantes a compris, quoiqu’un peu tardivement, l’importance d’une correspondance artistique et s’est adjoint, depuis peu de temps, une section nouvelle des Beaux-Arts.

Quant à l’Académie française elle n’a pas seulement la poésie et l’éloquence dans son domaine, mais aussi la langue, son dictionnaire et son histoire ; or c’est laque le concours des académies de province ne lui seraient peut-être pas sans quelque utilité. J’invoquerai ici encore l’autorité de M. Saint-Marc Girardin : « Je crois, dit-il, que, sans être fréquentes, les relations de l’Académie des Beaux-Arts et de l’Académie française avec les académies de province peuvent être encore fort utiles. Quant à l’Académie française, elle a sa commission du dictionnaire historique de la langue française, et cette commission recevrait avec beaucoup de reconnaissance la communication des travaux qui se font dans les académies de province sur notre vieille langue et nos vieux écrivains. Le Glossaire historique de la France centrale, rédigé avec tant de soin par le comte Jaubert, a déjà rendu de grands services à l’étude de notre langue. Des travaux de ce genre faits dans les diverses provinces de la France aideraient à élever le monument philologique qu’a entrepris l’Académie française. » Ajoutons que bien des recherches savantes et curieuses sur les dialectes ou les patois de telle ou telle province demeurent enfouies dans les annales ignorées de plus d’une académie de nos départemens.

Plus fréquentes, plus fructueuses encore seraient les relations avec les trois autres classes de l’Institut. L’Académie des Sciences morales et politiques n’aurait sans doute rien à attendre d’un pareil concours pour les systèmes ou les hypothèses de haute métaphysique, ni pour les découvertes des grandes lois de l’histoire générale, mais elle ne saurait recueillir par une voie plus sûre tous les faits de l’ordre moral et économique, tous les élémens d’une statistique universelle de la France dont il lui appartient de chercher les lois et de déduire les conséquences.

Quelle vendange, pour parler comme Bacon, de tous les phénomènes de l’ordre physique, d’observations et d’expériences, ne récolterait pas l’Académie des Sciences, grâce à ce concours des sociétés savantes ! Un ensemble coordonné de recherches sur tel ou tel ordre de phénomènes aboutirait à son comité de correspondance ; il y aurait un concert des expériences à faire sur divers points et simultanément. Qu’il s’agisse de saisir quelque phénomène au passage, de comparer ce qui se passe au nord avec ce qui se passe au midi, dans la vallée et sur la montagne, partout, jusque dans les