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détenteurs d’une partie du bénéfice et pour les déterminer à les porter aux Monnaies. On accorda de nouvelles prorogations en 1691, en abaissant cependant à 11 liv. 8 s. 6 d. le cours des anciens louis, et à 3 liv. 1 sol le cours des anciens écus, tout en les payant 11 liv. 12 s. et 3 liv. 2 s. aux Monnaies. En avril 4691, les Monnaies avaient déjà réformé 325 millions d’espèces, et on espérait qu’elles atteindraient 400 millions à la fin de l’année. Cependant il fallut encore continuer les prorogations en 1692 en réduisant, au 1er avril, les prix qui seraient payés par les monnaies à 11 liv. 5 sols pour les louis et à 3 livres pour les écus : ce ne fut que le 13 décembre que le décri des espèces non réformées fut définitivement ordonné, et, le 27, on offrit même encore aux détenteurs de vieilles espèces et de matières un délai de trois mois pour les porter aux Monnaies au prix du 1er avril.

Mais, en même temps, dès le 1er août 1692, avant même que la réforme fût terminée, le cours des nouvelles espèces avait été réduit, celui des louis à 12 liv. 5 sols et celui des écus à 3 liv. 5 sols, et cette première réduction fut suivie de plusieurs autres, qui, successivement (les 1er janvier, 1er juillet et 1er août 1693), abaissèrent la valeur légale des louis à 12 livres, 11 liv. 15 sols, 11 liv. 10 sols, et celle des écus à 3 liv. 4 sols, 3 liv. 3 sols, 3 liv. 2 sols. Ces réductions avaient pour but de préparer et de rendre plus fructueuse une nouvelle réforme opérant un nouveau rehaussement des espèces. Si, par exemple, on croyait pouvoir, dans cette nouvelle réforme, porter le cours des louis à 14 livres et celui des écus à 3 liv. 12 s. et qu’à ce moment ils circulassent pour 12 liv. 10 sols et 3 liv. 6 s., prix fixés en 1689, le bénéfice résultait de l’écart entre ces cours : le trésor avait donc intérêt à faire tomber auparavant les louis à 11 liv. 10 sols et les écus à 3 liv. 2 sols. Il effectuait d’ailleurs ces réductions sans aucuns frais, non par une refonte ou réformation, mais simplement par des édits ou par des arrêts du conseil qui les prononçaient, en laissant les espèces entre les mains du public et à ses dépens.

En effet, ces réductions opérées, le roi s’empresse de reconnaître (édit du 28 septembre 1693, modifié les 10 et 11 octobre) qu’aucune mesure « n’a pu empêcher le trafic sur les monnaies, ni diminuer les pertes de l’état, que dès lors il est urgent de relever le cours des espèces. » Il a résolu d’en faire fabriquer de nouvelles, de faire réformer les anciennes et d’en augmenter l’évaluation. » Comme en 1689, il déclare « que si les particuliers qui porteront leurs espèces aux Monnaies profitent d’une partie de l’augmentation, il emploiera utilement ce qui lui en reviendra pour soutenir les dépenses de la guerre. »

Les nouvelles espèces auront même titre et même poids que les