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C’est par ce moyen que M. Commines de Marcilly entreprit, en 1862, l’analyse de la houille. Il traita les houilles par des liquides bouillans ou par les vapeurs de ces liquides en vase ouvert ou en vase dos. Il employa la marmite de Papin, afin de répéter l’opération sous des pressions plus fortes que celles de l’atmosphère. Les meilleurs résultats furent obtenus en faisant digérer la houille pulvérisée, pendant cinq ou six heures, à 100 degrés sous la pression ordinaire. M. de Marcilly essaya d’abord les acides sulfurique, azotique, chlorhydrique, puis la potasse, et il constata que les dissolvans acides et alcalins n’avaient point d’action sur la houille. Il réussit mieux avec des liquides neutres, l’éther, la benzine, le sulfure de carbone et surtout le chloroforme. Ces liquides prenaient une belle couleur brun foncé tirant sur le vert.

Ces expériences auraient valu la peine d’être reprises et poussées plus loin. Nous ne pensons pas que de nouveaux résultats aient été obtenais, et la science est aujourd’hui encore réduite à avouer qu’elle ne connaît pas exactement la composition de la houille. Nous savons ce que produit la houille chauffée au ronge sombre ; nous ne savons pas, ou du moins nous savons imparfaitement ce qu’elle est dans son état naturel.

Après avoir exposé nos incertitudes relativement à l’origine du carbone, ce qui n’importe qu’aux philosophes, et nos embarras au sujet de l’analyse de la houille, ce qui ne peut intéresser que les savans, passons à l’examen des matières tirées des goudrons de houille et des propriétés qu’on leur a reconnues. Ce dernier point touche surtout les industriels.


III

De toutes les richesses de la végétation, de tous les branchages et de toutes les herbes des forêts antédiluviennes, il nous est resté des gisemens d’une matière noire et informe. Cependant la houille n’est pas une matière fossile. Ce n’est pas une substance redescendue au règne minéral ; si j’osais employer une image assez triste, je dirais que ce n’est pas le squelette des végétaux, mais que c’est le cadavre décomposé, où les débris de la substance vivante, de cette substance qui a fait les fibres du bois, le tissu des feuilles ou la chair des fruits, se reconnaissent encore. Dans ces débris la science va retrouver des parfums et des couleurs.

Nous avons vu l’influence de la chaleur exciter, entre les corps nombreux résultant de la décomposition de la matière vivante, des réactions fort complexes, et constituer des corps nouveaux. Voici enfin le goudron, mélange de tous ces corps, résultat de leur distillation, résidu de leurs vapeurs refroidies et condensées. C’est une