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doute pour que nous ayons plus de temps à donner à ses propres romans, — mais Fenimore Cooper a beaucoup perdu. Mettons encore ici David Copperfield[1], avec les gravures de l’édition anglaise bien anglaises, celles-là, d’un goût bien national, avec leur tendance à la caricature, et, jusque dans la caricature cependant émouvantes Je n’ai pas laissé passer l’occasion de relire David Copperfield, l’un des chefs-d’œuvre de Dickens, pour la vérité des mœurs et l’intensité de l’émotion, et j’ai si agréablement renouvelé connaissance avec David on Dickens lui-même, Peggotty, M. Mell, l’inoubliable M. Micawber que je ne conseille à personne de s’en refuser le plaisir.

Tous ces romans sont anglais, et c’est de l’anglais aussi qui nous revient, traduit par M. Albert Dousdebès, un roman japonais : Tchou-Chin-Goura ou une Vengeance japonaise[2], l’une des nombreuses versions de la fameuse Histoire des quarante-sept Ronines. L’illustration, rigoureusement japonaise, assez heureuse, est un peu « brouillée » dans quelques « images, » mais en cela même, probablement, d’autant plus authentique et intéressante pour les vrais amateurs.

La traduction dont on s’est servi pour nous offrir une édition nouvelle du Faust de Goethe[3], est celle de M. Albert Stapfer, la plus ancienne ou l’une des plus anciennes. Dire qu’elle soit la meilleure, il en faudrait trop connaître, — car combien y en a-t-il ? — et il suffit qu’elle soit excellente. Nous ne pouvons en dire autant de l’illustration Des six dessins de M. J.-P. Laurens, le premier et le dernier sont franchement mauvais, et les quatre autres ne sont pas bons. C’est au surplus une question de savoir si Faust aujourd’hui n’a pas supporté tout ce qu’il pouvait de traductions, d’adaptations, de transpositions d’art, et si même le temps n’approche pas où il devra déchoir de la haute réputation que bien des circonstances lui ont value autant que son mérite. L’introduction que M. Paul Stapfer a mise en tête de la traduction ne manque pas d’un certain intérêt.

Nous n’aimons pas beaucoup non plus les dessins de M. Besnard pour le Jocelyn[4] de Lamartine. Aurait-on donc perdu, si je puis ainsi dire le sens de Lamartine, que, dans ce poème admirable et bizarre à la fois, M. Besnard n’ait vu qu’un prétexte à compositions du plus pur goût impressionniste ? Nous louerons davantage les dessins de M. Émile Adan pour les Fables de La Fontaine, dont quelques-uns sont vraiment jolis : l’Enfant et le Maître d’école, le Paon se plaignant à Junon, la Laitière et le Pot au lait, les Poissons et le Berger[5]. Il y a eu, il y aura bien des manières encore de comprendre et d’interpréter les Fables ; celle de M. Émile Adan aurait son prix et son originalité même, — si toutefois ses dessins étaient plus nombreux.

  1. Hachette, éditeur.
  2. Ollendorff, éditeur.
  3. Jouaust, éditeur.
  4. Jouaust, éditeur.
  5. Jouaust, éditeur.