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Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 96.djvu/908

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moi, disait encore M. Jules Simon aux ; Sociétés savantes, dans nos facultés des lettres, il n’y a qu’une chaire de littérature ancienne ; les études latines et les études grecques sont confiées à un seul professeur. Pour l’histoire, c’est encore pis : le même professeur est chargé d’enseigner toute l’histoire, et, de plus, la géographie, ce qui veut dire que la géographie n’est pas enseignée. C’est à Paris seulement qu’il y a un professeur spécial de géographie. Malgré l’importance que l’étude des littératures étrangères a prise dans notre siècle, nous n’avons qu’une chaire de littératures étrangères par faculté. » A Paris même, il n’y avait pas alors de chaires spéciales pour des objets de première importance, pour l’histoire et pour la littérature du moyen âge, pour le sanscrit, pour la grammaire comparée, pour l’archéologie. Dans les sciences, sauf à Paris, le plus souvent le même homme portait : le triple fardeau de la zoologie, de la botanique et de la géologie. Dans le droit, on n’enseignait nulle part le droit constitutionnel, l’histoire du droit, le droit maritime, et il n’y avait qu’une seule chaire d’économie politique, celle de la faculté de Paris.

Partout les moyens et les instrumens de travail sont insuffisans. C’est à peine croyable : dans aucune faculté des départemens, il n’y a de bibliothèque. On achète bien, de-ci de-là, quelques livres sur les reliquats de l’année. Mais qu’est-ce au prix de la production scientifique du monde entier ? Et puis on n’a ni salle pour les ranger, ni bibliothécaire pour les conserver. — Les collections sont pauvres, incomplètes, dépareillées. Les laboratoires manquent d’instrumens ; les professeurs n’ont pas d’argent, ou en ont si peu qu’une fois payés le chauffage et l’éclairage, il ne reste à peu près rien pour les expériences des cours et les recherches personnelles. Aussi faut-il entendre les plaintes de l’enquête de 1885 : « Le crédit de 400 francs alloué aux collections ne permet pas de les maintenir au niveau du progrès de la science. » (Faculté des sciences de Bordeaux.) — « La faculté manque absolument des instrumens, des modèles et mêmes des dessins nécessaires aux démonstrations des cours de mécanique et de machines. Les collections font également défaut pour le cours de dessin appliqué aux arts industriels, et jusqu’ici le professeur en a supporté les frais. Le crédit alloué pour l’acquisition et l’entretien des instrumens de physique (350 francs) est insuffisant. » (Faculté des sciences de Lille.) — « Les instrumens nécessaires aux expériences d’astronomie et de physique sont peu : nombreux et insuffisans… Les crédits ouverts pour les frais de cours, l’entretien et l’accroissement des collections sont également insuffisans… Les moyens de démonstration manquent presque complètement. » (Faculté de Paris.)