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que nous nous souviendrons toujours des lettres attendrissantes qui nous furent adressées par quelques-unes des mères de ceux qui avaient désespéré de les revoir et qui purent les embrasser une dernière fois avant leur mort.

Puisque l’occasion m’a été offerte de parler des soins qui furent alors donnés à nos blessés et qui étaient à la fois une consolation pour eux et un bon exemple général, je voudrais rappeler ici les services que l’ambassade d’Angleterre à Berlin rendit durant toute la période de la guerre à nos prisonniers internés en Allemagne. Pour ne citer qu’un détail, ce fut par ses mains que passèrent tous les états et pièces justificatives relatif à leur solde de captivité. Toutes ces pièces me furent remises à mon arrivée dans deux énormes caisses que j’expédiai à Paris au ministère de la guerre. On peut juger par là du travail immense qui incomba à l’ambassade d’Angleterre à Berlin pendant la guerre et de la convenance des remerciemens, dont je fus chargé par le gouvernement de transmettre l’expression officielle, ainsi qu’aux autres agens anglais accrédités dans le reste de l’Allemagne[1].

Je trouvai, du reste, dans mes nouveaux collègues du corps diplomatique beaucoup de sympathie et de bon vouloir lorsqu’il leur fut démontré, — et je m’attachais, avant tout, à les en convaincre, — que la France voulait sincèrement le maintien de la paix. Leur concours me fut souvent fort utile dans ces temps si difficiles. Bien qu’il dût être nécessairement tempéré de part et d’autre par une certaine réserve, je n’eus pas à l’invoquer inutilement. Les conseils de leur expérience vinrent quelquefois très à propos aider à la solution des affaires qui me furent confiées pendant le temps de mon séjour et dont je donnerai ici un rapide aperçu.


GABRIAC.

  1. Notre manufacture de Sèvres avait été, en partie, incendiée pendant la guerre. Ses premiers ouvrages, après la réouverture des fourneaux, furent envoyés aux agens anglais comme souvenir de reconnaissance nationale.