Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/677

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faut, ses professeurs de facultés d’une lourde besogne, et après cela ne leur pas décompter les loisirs qu’elle leur aura faits.

Pour remplacer les professeurs de facultés comme examinateurs et comme juges du baccalauréat, on a quelquefois proposé de former des jurys mixtes, où siégeraient en nombre égal, — et comme en d’autres pays, je crois, — sous la présidence d’un professeur de faculté, des professeurs de l’enseignement libre et des professeurs de nos lycées. Nous n’aimerions pas beaucoup ce mélange ou cette bigarrure ; et comme, d’autre part, ce n’est un mystère pour personne qu’il y a de grandes inégalités dans l’enseignement de nos lycées eux-mêmes, il y en aurait tout autant dans la valeur des diplômes ou des certificats que ces jurys décerneraient. On éviterait ce double inconvénient par l’institution de jurys permanens dont l’unique fonction serait précisément de faire passer l’examen du baccalauréat. C’est ce qui existe déjà pour plusieurs de nos grandes écoles, — Polytechnique, Saint-Cyr, Navale, — qui ne dépendent point du ministère de l’Instruction publique et qui n’en sont pas pour cela moins bien administrées, ni moins bien organisées. Pourquoi le ministère de l’instruction publique ne confierait-il pas des fonctions analogues à des jurys que d’ailleurs, sous de certaines conditions, il composerait comme il l’entendrait, et qui deux fois par an, aux époques accoutumées, c’est-à-dire en juillet et en août, puis en octobre et en novembre, se transporteraient de ville en ville pour y juger nos candidats au baccalauréat ? Voilà encore une réforme facile ; dont on réglerait aisément les détails ; et d’où je ne doute pas qu’il ne sortît de grands avantages, tant au point de vue du soulagement de nos professeurs de facultés, qu’au point de vue de l’unité ou de l’égalité de l’enseignement.


III

C’est ce que ne saurait manquer de comprendre un nouveau Conseil supérieur de l’instruction publique, et, — puisque l’ancien a tenu tout récemment sa dernière session, — nous ne pouvons qu’approuver l’idée d’en modifier la composition. Tel qu’il a jadis été constitué, par l’un des hommes qui ont travaillé le plus consciencieusement à diviser la France contre elle-même, nous ne saurions oublier qu’en effet le Conseil supérieur actuel de l’instruction publique est issu d’une pensée de colère et de haine. Il s’agissait, on se le rappelle peut-être, d’intéresser les passions du corps universitaire à la destruction de l’enseignement libre ; et aussi bien, avec une franchise dont il le faut louer, le rapporteur