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oiseaux. Les bélemnites et d’autres céphalopodes à coquille interne forment des troupes nombreuses. Les ammonites et les oursins se jouent dans des variations infinies.

A l’époque crétacée, les pythonomorphes présentent de nouvelles combinaisons reptiliennes ; les céphalopodes déroulés et les rudistes augmentent la diversité de la classe des mollusques.

A l’époque tertiaire, les cœlentérés, les brachiopodes, les oursins, les mollusques bivalves, les céphalopodes ont été moins abondans et par conséquent moins variés ; les gastéropodes prosobranches et pulmonés l’ont été davantage. Quoique les insectes aient été déjà nombreux à l’époque houillère, ils n’ont dû avoir toute leur diversité que dans l’ère tertiaire ou à la fin du Crétacé, car c’est alors que les végétaux à fleurs se sont pleinement développés, et l’on sait que beaucoup de coléoptères, d’hémiptères, de mouches et de papillons vivent sur les fleurs. Dans mes voyages en Orient, lorsque, traversant des campagnes brûlées par le soleil d’été, j’apercevais quelque fleur isolée, j’aimais à aller la saluer, car elle m’égayait non seulement par ses jolies couleurs, mais par l’animation d’un petit monde butinant et bourdonnant, dont elle était le centre. A l’époque où il n’y avait pas de fleurs, on ne devait pas voir de tels rassemblement d’insectes variés.

Je ne veux pas prétendre que les poissons cartilagineux des mers tertiaires et actuelles soient plus variés que ceux des mers plus anciennes. Sauf les serpens et les tortues, les reptiles tertiaires ont été beaucoup moins diversifiés que ceux de l’ère secondaire.

D’après ce qui précède, on voit qu’il est difficile de dire si c’est dans les temps secondaires ou dans les temps tertiaires que les invertébrés et les vertébrés à sang froid ont été le plus différenciés. Mais évidemment, c’est dans l’ère tertiaire que les animaux à sang chaud, mammifères et oiseaux, ont présenté le plus de richesse de formes.

Si les insectes aiment les fleurs, les oiseaux aiment les fruits ; les végétaux des temps tertiaires leur ont offert une nourriture qu’ils n’auraient pas trouvée dans les âges géologiques antérieurs ; ce n’est qu’à l’époque de la craie qu’ils ont dû prendre leur développement. Ils sont aujourd’hui répartis en sept ordres, tous représentés dans l’ère tertiaire.

Les mammifères, encore mieux que les oiseaux, fournissent la preuve d’une tardive différenciation. On n’a découvert dans le Tertiaire le plus inférieur ni solipèdes, ni ruminans, ni proboscidiens, ni édentés, ni carnivores proprement dits (non créodontes),