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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 161.djvu/431

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jusqu’alors, cette vaillante race n’avait été en état de la résoudre à son profit. Un seul jour l’occasion s’en offrit à elle ; mais ce jour n’eut pas de lendemain.

Les vrais compétiteurs à l’empire, dans cette lutte séculaire, avaient été la race grecque et la race bulgare. Plus d’une fois le destin sembla pencher en faveur de celle-ci. Plus d’une fois, à défaut de l’hellénisme défaillant, elle parut capable d’opposer aux ennemis de la foi orthodoxe « une vraie nation et une vraie armée. « Pas plus que la Serbie, elle ne parvint à accomplir sa tâche jusqu’au bout. La race grecque, retranchée dans la plus puissante forteresse continentale et maritime qu’ait connue le moyen âge, fit tête obstinément. Même lorsque tantôt toutes les provinces d’Europe, tantôt toutes celles d’Asie lui échappaient, elle garda Constantinople, qui lui permit, l’orage passé, de reconquérir les provinces. Après chacune de ces crises, la Ville, de son indestructible énergie, refaisait l’empire. De nouveau rayonnait d’elle sur le monde la splendeur de l’hellénisme. Ces hautes murailles de Byzance, que n’avaient pu forcer ni les Huns, ni les Avars, ni les Perses, ni les Arabes, au pied desquelles, avec le dernier soupir de Douchan le Grand, devait s’exhaler, en 1355, l’âme de la Serbie, arrêtèrent également l’élan des tsars de Bulgarie vers la domination de l’Orient. Tant qu’elles ne furent pas brisées par les canons monstres et les antiques béliers du sultan Mohammed II, les Turcs eux-mêmes ne furent que campés dans la péninsule, destinés sans doute à disparaître comme toutes les hordes asiatiques qui les y avaient précédés. Du jour où ils purent à leur tour s’établir dans l’enceinte de Byzance, ils cessèrent d’être une horde pour devenir un Etat.


IV

Les grandes époques de l’histoire des Bulgares furent : le siège de Constantinople, en 924, par le tsar Siméon ; la revanche qu’en prit l’hellénisme sous les empereurs Nicéphore Phocas, Jean Tsimiscès et surtout Basile II ; enfin la Bulgarie secouant de nouveau le joug byzantin, sous l’impulsion d’une dynastie de race valaque, conquérant à son tour les provinces grecques, se heurtant, par une imprévue combinaison des événemens, à la chevalerie latine, battant en rase campagne un empereur français