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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 16.djvu/355

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l’énorme disproportion de charges qui existe entre la métropole et les colonies. La défense navale et militaire inflige à chaque Anglais une charge de 37 francs par fête, alors qu’un Canadien ne paie que 2 fr. 50, et un habitant de la Nouvelle-Zélande, le plus grevé des coloniaux, 4 francs. Il insiste sur la situation extraordinairement privilégiée où se trouvent les colonies par rapport aux pays indépendans de même population de l’Amérique du Sud ou de l’Europe, l’Argentine, la Hollande, les États des Balkans, la métropole assumant toutes les charges de leur défense. Pareille situation, naturelle quand les colonies étaient jeunes et pauvres, serait aujourd’hui « incompatible avec leur dignité. » Sans vouloir, du jour au lendemain, rétablir l’égalité des charges, il convient donc d’en atténuer l’excessive disproportion, et M. Chamberlain remercie encore la Nouvelle-Zélande d’avoir montré la voie en proposant la formation, dans chaque colonie, d’un corps de réserve impériale, astreint au service en dehors de la colonie en cas de besoin, ainsi que le renforcement et la modernisation de l’escadre déjà entretenue aux frais des colonies d’Australasie.

Sur les questions commerciales, M. Chamberlain s’exprimait plus nettement encore. En considérant l’état économique de l’Empire, on est, dit-il, frappé de deux grands faits : le premier, c’est que l’Empire pourrait produire tout ce qui lui est nécessaire, se suffire à lui-même, might be self sustaining. Et le second, « c’est qu’aujourd’hui l’Empire, et en particulier le Royaume-Uni, — qui est le grand marché du monde, — demande la plus grande partie des nécessités de son existence aux pays étrangers, et qu’il exporte la plus grande partie de ses produits encore vers des pays étrangers. Eh bien ! je le confesse, ce n’est pas là, à mes yeux, un état de choses satisfaisant, et vous tomberez d’accord avec moi, je l’espère, qu’il convient d’encourager cordialement tout ce qui peut tendre à augmenter les échanges entre les diverses parties de l’Empire. Ce que nous désirons, ce que le gouvernement de Sa Majesté a publiquement désigné comme le but vers lequel il serait heureux de diriger ses efforts, c’est le libre-échange à l’intérieur de l’Empire, a free interchange. Si vous ne pouvez accepter ce principe, alors nous vous demanderons : jusqu’à quel point pouvez-vous en approcher ? »

Si le jour du libre-échange inter-impérial n’est pas encore tout à fait venu, si les colonies ont besoin de recettes douanières,