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directions ; celle du Nord-Ouest où se déroule le Transcaspien ; celle du Nord-Est que longe la ligne du Caucase. Dès 1898, le gouvernement russe avait fait construire le chemin de fer de Kousk, embranchement du Transcaspien qui se termine à la frontière afghane même, à 120 kilomètres seulement de Hérat. En 1904, il donnait l’ordre de commencer un autre tronçon du Transcaspien, la ligne Askabad-Méched d’un parcours de 230 kilomètres. A la même époque, du côté du Nord-Est, la construction de la section Alexandropol-Erivan était activement poussée, la section Erivan-Djoulfa était tracée en plein territoire persan, une mission envoyée pour étudier le terrain au delà de Djoulfa, et, pour réserver l’avenir, la Banque russe des Prêts se faisait donner le privilège de la concession des chemins de fer sur le territoire persan.

Toutes ces lignes récemment ouvertes, en construction ou à l’étude, sont situées dans le nord de la Perse, mais dans ces derniers temps les Russes sont allés jusqu’à comprendre dans leur champ d’action la Perse méridionale et le littoral du golfe Persique lui-même que les Anglais s’étaient habitués à considérer comme leur domaine exclusif. Désireux d’avoir un accès vers les mers chaudes, ils ont étudié le tracé d’une ligne qui relierait le réseau russe du nord au littoral du midi de la Perse. La ligne commencée à Baladjari, près de Bakou, aurait longé la mer Caspienne, touché à Recht, Ispahan, Chiraz pour aboutir à Bender-Abbas, point indiqué comme terminus du futur chemin de fer russe à travers la Perse, et dont, en prévision de cette éventualité, le docteur Brunnhofer, professeur à l’Université de Saint-Pétersbourg, recommandait en 1895 l’occupation. Il faut dire d’ailleurs que ce projet grandiose qui, d’après le traité de concession devait être achevé en 1903, est resté à l’état embryonnaire, faute de fonds.

Et c’est même jusque dans le golfe Persique que le gouvernement russe a engagé la lutte économique et cherché à disputer à l’Angleterre la suprématie commerciale que cette dernière avait exercée jusque-là sans conteste. Pour ouvrir au commerce russe les ports du littoral persan, il a décidé la Compagnie russe de navigation à vapeur d’Odessa à établir d’abord à titre d’expérience un service provisoire de vapeurs entre les ports de la Mer-Noire et le golfe Persique, puis est intervenu entre le ministère des Finances et cette compagnie un arrangement relatif à la