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pas, dit-il, par suite du développement normal des sources de revenu, mais parce que des taxes nouvelles ont été créées ; au contraire, elles manifestent même une certaine tendance à décroître, puisque, toutes choses égales, elles auraient dû être, en 1902-1903, de 3 900 millions de francs, tandis qu’elles n’ont été que de 3 820 millions. Le budget a passé de 2300 millions en 1893-1894 à 3 500 en 1903-1904. L’armée demande 67 pour 100, les services civils 42 pour 100 de plus qu’il y a dix ans. L’excédent des importations sur les exportations atteint en 1902 la somme colossale de 4 662 millions de francs au lieu de 2 040 en 1887 ; les bénéfices du pays, qui se plaçaient alors en valeurs étrangères, sont absorbés aujourd’hui par les dépenses improductives de l’Etat et des villes… Le moment est venu d’arrêter la croissance des dépenses d’Etat et de municipalités, qui constituent une menace sérieuse pour le développement de la prospérité nationale. »


III

Le budget allemand, lui aussi, se présente en déficit, même dans sa partie ordinaire, ce qui est contraire à la Constitution de l’Empire : car les dépenses ordinaires doivent en principe être couvertes par le produit des impôts, et, si celui-ci est insuffisant, par des contributions des États confédérés, dites matriculaires. Seul, le budget extraordinaire peut être équilibré au moyen d’emprunts. Or, cette année, les charges sont telles que le gouvernement n’ose pas demander aux royaumes et duchés, dont le groupement constitue l’Empire, la totalité des sommes dont il a besoin au budget ordinaire ; il propose de les couvrir en partie au moyen de l’emprunt. Cette situation amènera peut-être l’établissement de nouveaux impôts, notamment sur la bière et le tabac, qui seront particulièrement désagréables aux Allemands, à qui M. de Bismarck lui-même n’avait pu imposer sa volonté en cette matière. On commence aussi à reparler d’un impôt sur le revenu qui serait attribué à l’Empire, alors que jusqu’ici cette taxe (Einkommeîisteuer), en vigueur chez la plupart des États confédérés, appartient à leurs budgets particuliers.

Les dépenses du budget allemand se divisent en dépenses permanentes et en dépenses qui ne se renouvellent pas. Celles-ci figurent en partie au budget ordinaire et en partie au budget