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d’une partie de l’escadre de Byron. Les dispositions pour la recevoir n’étaient pas terminées ; mais chacun était à son poste de combat. Les Anglais se montrèrent au large, sans s’approcher même à portée de canon ; ils jugèrent la position trop solide pour être forcée, trop dangereuse même pour être bloquée ; un de leurs vaisseaux, le Saint-Alban, perdit ses ancres sur le cap Cod, au sud-est de Nantasket. Ils ne firent donc que se montrer, puis ils disparurent. Après leur départ, on continua à travailler aux fortifications ; l’escadre fut bientôt à l’abri de toute surprise. Elle put goûter enfin quelques jours de sécurité.

Cependant ce séjour à Boston, qui se prolongea un peu plus de deux mois, fut loin d’être un temps d’oisiveté. Se procurer des mâts et des vivres dans un pays, qui était à peu près sans ressources ; traiter avec le gouvernement de Boston, qui était assez mal disposé pour nous à cause du prétendu abandon de Rhode Island : cette tâche si difficile ne demanda pas moins que la prodigieuse activité du chevalier de Borda, le dévouement sans limites de tous les officiers, et la très grande souplesse diplomatique de d’Estaing. Il est difficile de se faire une idée de l’effort accompli en quelques semaines pour remettre à peu près en état cette escadre, qui était partie de Toulon dans un état de préparation imparfait et qui n’avait jamais été ravitaillée depuis son départ.

Le 25 septembre, le Conseil de Boston offrit un grand banquet à l’amiral et aux officiers de l’escadre. Quatre tables de soixante-dix couverts chacune avaient été dressées. « Les Américains se sont entremêlés avec nous à chaque table pour faire les honneurs de la fête, qui a été de la plus grande gaieté. » L’heure des toasts venue, on porta des santés à je ne sais combien de personnes et de choses : « A l’Amérique ! Au roi de France ! Au Congrès ! A la flotte française ! Au général Washington et à l’armée américaine ! A l’indépendance de l’Amérique ! A l’alliance de la France et de l’Amérique, qui ne soit jamais interrompue ! Au ministre de France auprès du Congrès ! A M. Franklin, ministre d’Amérique à la Cour de France ! A l’amitié de la France et de la liberté ! Au commerce, arts et agriculture ! A M. d’Orvilliers et à toute son armée ! A M. le comte d’Estaing et tous les officiers de l’escadre française qui est dans le havre de Boston ! Sur la demande de M. le comte d’Estaing, au président du Conseil et à tous les Américains ici