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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 25.djvu/214

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VII

En quittant Boston, le vice-amiral ès mers d’Asie et d’Amérique avait adressé au ministre un long rapport, pour lui raconter les incidens de son séjour sur les côtes des États-Unis. Ce document, en date du 5 novembre 1778, s’ouvre par les lignes suivantes :

« La lenteur de notre navigation qui nous a enlevé des succès certains, — le défaut de fond qui s’est trouvé une barrière insurmontable, — un coup de vent qui a fait échapper, après trente-six heures de chasse, une escadre anglaise venue pour nous attaquer, — le démâtement de deux des principaux vaisseaux, — et l’énorme supériorité que donne à l’ennemi la jonction de ses deux escadres, n’ont permis que des tentatives répétées, peu de mal fait aux Anglais, et enfin des précautions défensives, ainsi que l’appareillage qui a pour but d’exécuter la partie de mes instructions que la raison m’indique. »

Toute la campagne de 1778 n’avait pas cependant été infructueuse ; car la délivrance de Philadelphie avait été le résultat de l’arrivée de l’escadre. Mais notre impuissance à Sandy Hook, notre mauvaise fortune à Newport, notre inaction à Boston, avaient trop souvent donné à ces opérations, d’ailleurs intéressantes, un caractère négatif. Les Américains n’en furent pas moins très reconnaissans à l’armée navale de Sa Majesté Très Chrétienne de ce vigoureux effort, dont on pouvait dire qu’il avait paralysé les mouvemens des Anglais. Le Congrès des États-Unis rendit à l’amiral et à son escadre un hommage éclatant, par sa délibération du 17 octobre 1778 :

« Délibéré que Son Excellence M. le comte d’Estaing a constamment agi en brave et sage, officier ; que Son Excellence, les officiers, matelots et soldats ont rempli tout ce à quoi les États-Unis pouvaient s’attendre de l’expédition, autant que les circonstances et le genre de services l’ont pu admettre, et qu’ils ont tous de puissans titres à l’estime des amis de l’Amérique. »


G. LACOUR-GAYET.