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rapport, on n’a, jusqu’à ce jour, rien fait d’utile. Dans les collèges, vingt parties du temps sont consacrées à l’éducation intellectuelle et une partie seulement à l’éducation physique. Ainsi dégénèrent les forces physiques de la jeunesse.

L’Allemagne, il est vrai, sous ce rapport, n’est guère plus avancée que nous. D’après Prêter, sur 1 000 volontaires d’un an, il y a 150 myopes, 347 qui ont les muscles peu développés et 114 inaptes au service militaire, tandis que sur 1000 conscrits pris dans les couches inférieures de la société, il n’y a qu’un seul myope, 267 faibles de développement musculaire et 73 inaptes au service militaire[1]. La dégénérescence due aux méthodes d’éducation des jeunes gens est donc certaine. Ce danger a été signalé depuis longtemps, mais l’Université, mal renseignée, traitant à la légère une question jugée par elle secondaire, a trouvé suffisant d’encourager les exercices physiques et la gymnastique. Mais il y a manière d’entendre la gymnastique et l’exercice. « Au lieu de laisser la gymnastique se développer au grand air et au soleil, dit Mosso, on ne tarda pas à l’enfermer dans des gymnases couverts. Les militaires s’en emparèrent et l’enflèrent de formules et de commandemens. L’attention des gymnastes se concentra sur les muscles des bras et ils ne s’occupèrent guère du poumon et du cœur ni de l’ensemble de l’organisme. Les tendances militaires portèrent ainsi préjudice à la gymnastique. On perdit de vue que le principal devait être l’exercice des jambes et non des bras. C’est dans les jambes que réside une partie du secret des campagnes et des combats et c’est aux jambes qu’il faut s’appliquer. La vigueur de l’organisme est la résultante de beaucoup de fonctions. La peau, les poumons, le cœur, le système nerveux et les organes digestifs sont certainement plus importans que les muscles. Aussi, dans l’éducation physique, ne doit-on pas donner une importance prédominante à l’exercice des muscles. Les marches au soleil, le patinage, la natation, la course et tout ce qui a pour effet de nous fatiguer, de consumer lentement notre organisme, et de le reconstituer dans des conditions atmosphériques plus favorables, dans un milieu qui stimule l’activité de la vie, telles devraient être les bases de la vraie gymnastique. »

Un officier de l’armée suisse a publié dans un journal

  1. Preter, Natürforschüng und Schüle, 1889.