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catholique recouvra plus d’autonomie, mais l’esprit du célèbre professeur Berg, qui longtemps y survivra, était plus proche de la philosophie du XVIIIe siècle que de la théologie romaine : les élèves, au sortir des cours, cherchaient les différences qui séparent Jésus de Socrate, et ne les trouvaient plus. Fingerlos, qui dirigeait à Landshut le séminaire du Georgianum, avait le renom d’un rationaliste et ne s’en défendait point ; et lorsqu’en 1816 les évêques de Bavière et les professeurs de Landshut s’expliquèrent auprès du Pape et du Roi sur la rareté des vocations sacerdotales, ils déplorèrent à l’unisson que trop souvent une morale abstraite supplantât la foi révélée, et que le caractère transcendant du christianisme fût dénaturé par des interprétations mythiques et psychologiques. Les souvenirs d’Alban Stolz, le prêtre publiciste, nous introduisent dans la faculté de Fribourg, dont il fut l’élève : on y enseignait une religion naturelle, respectueuse de Dieu, soucieuse de l’âme immortelle ; mais passant à la révélation, le professeur Reichlin-Meldegg présentait une sorte de Christ caricatural et déroulait, sous le nom d’histoire de l’Eglise, une chronique scandaleuse aussi grossière que mesquine ; et Schreiber, à qui l’enseignement de la théologie morale était confié, en déridait incessamment l’austérité par d’agressives plaisanteries contre le célibat des prêtres. Le protestantisme accueillit plus tard le premier de ces professeurs, et les sectes « catholiques-allemandes » furent hospitalières au second ; mais ils avaient eu le temps de marquer de leur empreinte un certain nombre de prêtres badois. Les organes que publiait à Constance l’école de Wessenberg, et en Wurtemberg le fébronien Werkmeister, représentaient la science du droit canon : les vieux griefs de la Germanie contre Rome s’y condensaient, et des griefs nouveaux s’y forgeaient.

La jeunesse ecclésiastique était déroutée. Sorti de l’école avec plus de négations que d’affirmations, et condamné, sa vie durant, à traîner un bagage de doutes, l’infortuné, qui devenait pasteur d’âmes, s’abstenait autant que possible de prêcher la religion. L’apostolat catholique s’assoupissait : le jeune Ringseis, venu en France en 1815, observait que le commun des Français, malgré le mutisme des chaires durant la Révolution, était plus instruit que beaucoup de catholiques allemands.

Le prêtre, écrira plus tard Staudeumaier, avait perdu l’Évangile, et son œil aveuglé ne pouvait pas le retrouver… L’année ecclésiastique était, en