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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 25.djvu/695

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effet, la maladie expérimentale du singe, par exemple, et la maladie naturelle de l’homme suivent le même cours.

L’expérience a appris que ces divers animaux s’infectent plus ou moins aisément, c’est-à-dire que le parasite introduit dans leur sang s’y développe avec plus ou moins d’abondance et de rapidité. Il y a, par exemple, des singes qui sont réfractaires, comme les cynocéphales, à côté d’autres qui sont au contraire très réceptifs comme les cercopithèques. L’organisme du rat est habituellement un bon terrain de culture ; cet animal sert de réactif pour la recherche du trypanosome dans les liquides et les humeurs où il est rare. Et il faut bien dire qu’il est rare à peu près partout : rare dans le sang de l’homme malade pendant la plus grande partie de la maladie, rare même dans le liquide cérébro-spinal au moment le plus grave. De là cette notion, quelque peu paradoxale, d’une infection qui peut être très redoutable, mortelle même, alors que le nombre des parasites infectans est minime. La gravité des accidens qu’ils provoquent ne semble pas être en proportion de leur nombre ; elle est en rapport plutôt avec quelque poison, quelque toxine subtile qu’ils sécrètent à un certain moment de leur longue évolution.


III

La propagation de la maladie du sommeil se fait par des mouches piquantes, qui pullulent dans certaines régions. Ces mouches, voisines, mais différentes cependant de la célèbre mouche tsé-tsé, sont les « glossines à palpe. » Elles sont les agens de transmission du parasite ; elles le transportent inconsciemment du sujet malade au sujet sain, en les piquant l’un après l’autre. Une trompe rigide et aiguë leur sert à percer la peau de l’homme et des animaux pour y puiser le sang dont elles sont avides.

Cette intervention de la mouche glossine dans la propagation de la maladie est maintenant bien démontrée. Elle a été mise hors de doute par les recherches des médecins naturalistes D. Bruce, Nabarro et Greig, qui ont observé, en 1902 et 1903 ; l’épidémie de l’Ouganda. D’ailleurs l’idée de chercher parmi les insectes l’agent de transmission du parasite devait naturellement venir à l’esprit, du moment où l’on savait que ce parasite était plus ou moins analogue à l’hématozoaire du