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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 25.djvu/904

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cette Eglise une existence indépendante… L’Eglise de Prusse, en 1905, attend encore ce capital. On protestait encore, en cette même année 1843, contre l’introduction, dans le nouveau projet du code criminel, d’un certain nombre de pénalités exclusivement destinées aux ecclésiastiques, et menaçantes pour la liberté de l’Eglise. Des courriers échelonnés apportaient au roi de Prusse, avec ces doléances de la Diète rhénane, les observations de Geissel et d’Arnoldi, et même une brochure de critiques, écrite à l’instigation des deux évêques, contre cet inquiétant code pénal : alors, l’action parallèle de l’Eglise et de l’opinion faisait réfléchir le cabinet de Berlin ; le ministre des Cultes Eichhorn, le jurisconsulte Savigny, informaient Geissel que le projet était remis à l’étude ; et le catholicisme rhénan rentrait dans le calme, — un calme vigilant. L’année 1845 ramenait une session nouvelle de la Diète rhénane : on y parlait des mariages mixtes, des obligations religieuses des soldats, de la partialité de la censure contre les catholiques, et derechef, enfin, de la dotation de l’Eglise. Quand, au début de 1848, les députations des diètes provinciales, officiellement réunies à Berlin, eurent à délibérer, une fois de plus, sur un projet de code pénal, on vit tous les membres catholiques, déférait aux critiques du jurisconsulte Ferdinand Walter, voter encore, à l’unisson, contre les articles relatifs aux ecclésiastiques : Geissel encourageait ce mouvement d’opinion, le soutenait de ses propres démarches ; et le Catholique de Mayence appelait à la rescousse des protestations laïques l’épiscopat prussien tout entier, lorsque les événemens de mars 1848 écartèrent l’urgence du péril. C’est aussi dans les années qui précédèrent 1848 que s’inaugurèrent en Prusse les débats, qui semblent voués à ne jamais finir, sur le parti pris attribué au gouvernement de réserver aux protestans les plus nombreuses et les plus hautes fonctions, et sur la nécessité d’attribuer aux fidèles des diverses confessions, dans la bureaucratie d’Etat, une place proportionnelle à l’importance numérique de ces confessions dans l’État : ce problème complexe, devenu célèbre en Allemagne sous le nom de question de la parité, ne fut réellement posé que du jour où les catholiques eurent pris conscience d’être une force, et où l’idée catholique eut réclamé sa place au soleil, sur le forum, encore très rétréci, qu’ouvrait aux revendications populaires la monarchie prussienne.

Les diètes du royaume de Prusse, telles qu’elles étaient