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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 25.djvu/960

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aussi que la réforme n’aboutira pas avant la fin de la législature, et il en sera de même de toutes les autres. Après avoir eu le calendrier, on a eu le chapelet des réformes. On les a toutes rappelées et énumérées dans l’ordre du jour, à l’exception toutefois de l’impôt sur le revenu dont on ne parle même plus. Il est enterré sous un silence épais et lourd comme la pierre du sépulcre. Requiescat in pace !

Quel est donc le résultat de l’interpellation Morlot ? C’est que les socialistes et les radicaux-socialistes sont rentrés dans la majorité, que la droite en est sortie, et que les progressistes ont pris une attitude expectante. Une seule des déclarations du gouvernement a eu quelque intérêt : M. Bienvenu-Martin a dit que la situation dans nos diocèses qui n’ont pas d’évêques, ou qui en ont sans en avoir, resterait ce qu’elle est, à Dijon comme ailleurs. Nous n’en sommes pas surpris. Le ministère n’est pas assez fort pour se permettre une initiative quelconque, et comme, au surplus, il ne tient pas plus à une solution qu’à une autre, il obéit au principe d’inertie. A coup sûr, ce n’est pas gouverner, mais peu lui importe si c’est durer. Nous souhaitons qu’il dure, même dans ces conditions toutes passives, puisque enfin, il semble avoir pris pour règle de laisser couler le temps en faisant le moins de mal qu’il pourra. Il vaut toujours mieux que son prédécesseur, qui en faisait le plus qu’il pouvait. Nous aurions préféré une différence plus accentuée ; mais, au point où nous en sommes, il ne faut pas être trop exigeant. Et nous atteindrons ainsi les élections de 1906.


L’Autriche-Hongrie traverse une crise grave. On est habitue, tant le fait se renouvelle souvent, à entendre dire que l’Autriche-Hongrie traverse une crise et que cette crise est grave ; et ce pays est si habitué lui-même à ce genre d’épreuve qu’il finit toujours par s’en tirer. Cette fois, cependant, il y a quelque chose de nouveau dans ce qui vient de se passer, sinon en Autriche, au moins en Hongrie.

En Autriche, le ministère de M. de Gautsch a remplacé celui de M. de Koerber. L’événement n’a pas une grande importance : ce n’est pas de la chute de M. de Koerber qu’il faut s’étonner, mais plutôt de sa durée relativement longue. On n’avait vu en lui, à l’origine, qu’un ministre intérimaire, et les passions nationalistes étaient encore, ou du moins paraissaient si violemment déchaînées lorsqu’il est arrivé au pouvoir, — Allemands d’un côté et Tchèques de l’autre, - — qu’on se demandait s’il pourrait y tenir longtemps. En réalité, ces passions commençaient à être fatiguées ; elles avaient besoin de répit, et M. de