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CLOCHES


Les cloches qui sonnaient dans les dimanches bleus
Ont encore évoqué les jours de notre enfance,
Quand tout l’espoir entrait dans nos cœurs sans défense
Avec leur bronze épars aux échos onduleux ;

Quand leurs sons, par-dessus les verts coteaux houleux,
A travers l’inconnu, là-bas, du monde immense.
En un balancement qui toujours recommence
Semblaient vibrer au fond de pays fabuleux !

Ah ! quel espoir, puissant et doux comme une lame.
Avec leurs vastes Ilots d’airain nous gonflait lame,
Dans l’aube où nous rêvions, éblouis et frileux !

Comme leurs voix disaient des choses éternelles !
Comme tout l’infini de vivre était en elles,
Les cloches qui sonnaient dans les dimanches bleus !


CONSEIL


Sache voir l’univers intime et coutumier
Où tu vis, dans les soirs soucieux de l’étude,
Et dont tes yeux, fermés par la vieille habitude,
Négligent aujourd’hui l’enseignement premier.

La lampe au long pied svelte est comme une fleur ample,
Une fleur d’or épanouie à ton côté,
Et qui, changeant la force inconnue en clarté,
Offre à ton esprit d’homme un radieux exemple.

La plume, autrefois tige agreste de roseau,
Naguère encore prise à la tiédeur d’une aile.
Comme pour rappeler qu’une grâce est en elle,
Imite avec son fer un bec léger d’oiseau.