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modistes, plumassières, blanchisseuses, gantières ont déjà fourni quelques associations solides, qui ne visent que l’amélioration progressive et rationnelle du sort des professionnelles.

Moins étendus par le nombre, mais souvent plus fortement organisés et plus réguliers dans le paiement des cotisations, comme touchant de plus forts salaires, viennent ensuite, par ordre d’importance, les syndicats d’employées du commerce et de l’industrie, caissières, comptables, sténo-dactylographes. Citons enfin, parmi les syndicats purement féminins, ceux des fleuristes, gens de maison femmes, bonnes de restaurans, gardes-malades, et, dans les professions libérales, ceux des institutrices, des femmes de lettres, des artistes.

Malgré cette énumération, le nombre des associations féminines, sous la forme de syndicats professionnels, est encore restreint, et ne représente, en France, que des efforts isolés et dispersés. Le mouvement ne fait, en réalité, que se dessiner ; il prendra certainement de l’extension et marchera parallèlement avec le mouvement syndical chez les hommes. Laissera-t-on englober les femmes dans le courant révolutionnaire qui caractérise trop souvent l’œuvre syndicale de ces derniers ? Notre but est précisément d’orienter autrement les bonnes volontés féminines. Le nombre en effet ne manque pas, en France, de femmes désireuses de dépenser leur activité pour le bien. Le tout est de donner un emploi judicieux à leur ardeur et de ne pas les laisser s’égarer dans des œuvres sans lendemain. La question de l’organisation professionnelle chez la femme, résolue dans un certain sens, représente une solide armature propre à centraliser et à fixer les bonnes volontés dont il s’agit. Quoi de plus important à une époque où tant de forces contraires se disputent l’âme de la femme, ce qui met en jeu tout simplement l’existence de la famille ?

N’est-ce pas, en effet, sur la famille que repose, depuis des siècles, la société française à tous ses degrés ? C’est à la vigueur de sa constitution que la France doit d’être devenue ce qu’elle est. Nous portons là un poids d’hérédités bienfaisantes dont la disparition risquerait de marquer la catastrophe finale. C’est donc en partant des nécessités de l’organisation familiale et en gardant toujours celles-ci devant les yeux, que nous devons essayer de nous modeler dans l’organisation professionnelle elle-même des femmes.