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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/406

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exemple, n’entend-on pas sur la crise de l’apprentissage ? Mais les cours professionnels ne seraient-ils pas en mesure d’y remédier ? Si une jeune fille, entrant dans une maison de couture, commence par n’être employée qu’à faire des commissions en ville, comme cela arrive souvent, et reste indéfiniment avec la dénomination assez vague d’apprentie, elle n’offrira aucune garantie de savoir professionnel. Mettre à même, dans le plus bref délai possible, l’ouvrière, l’employée, la comptable, la garde-malade, l’institutrice, que sais-je ! toute femme ayant choisi une profession ; la mettre en état, dis-je, de se perfectionner dans son métier et de gagner sa vie avec un salaire progressif, tel doit donc être un des premiers buts de tout syndicat. Les Anglais appellent ouvriers qualifiés, skilled workmen, ceux qui ont réellement une spécialité et une compétence professionnelles, ceux qui constituent la solide assise des Trade Unions, ceux parmi lesquels on est sûr de ne pas trouver de vains agitateurs politiques, et ils en parlent avec une certaine révérence. De même pour les femmes, celles-là seules qui se seront perfectionnées dans une spécialité auront une supériorité qui se traduira pour elles en salaires plus élevés.

Comme exemples de cours professionnels, nous citerons les cours de coupe, de couture, de broderie pour les ouvrières, les cours de français, de langues étrangères, de comptabilité, de sténo-dactylographie pour les employées, l’enseignement ménager pour les gens de maison, les cours de préparation aux différens diplômes pour les institutrices, les gardes-malades et pour les professionnelles de toutes sortes dont l’association est capable de réunir, de coordonner et d’aider les bonnes volontés dispersées.

On comprend pourquoi l’institution du bureau de placement, qui est la première cellule du syndicat, risque de demeurer sans efficacité si, d’autre part, la valeur professionnelle de ses membres ne vient pas rehausser la réputation de l’association. Il faut que celle-ci, pour employer un terme de métier, soit avantageusement connue sur la place, pour qu’on puisse en tirer un rendement utile. Le patron s’adressera de préférence au groupement qui lui offrira les meilleures ouvrières. Mais si ces ouvrières sont en outre personnes de bonne réputation, de confiance et de sage conduite, il n’en aura que plus de raisons de faire appel à l’association dont elles font partie.